프랑스어

Le petit Prince / Der Kleine Prinz

뚝틀이 2014. 9. 24. 00:47

A LÉON WERTH.

Je demande pardon aux enfants d'avoir dédié ce livre à une grande personne.

J'ai une excuse sérieuse : cette grande personne est le meilleur ami que j'ai au monde.

J'ai une autre excuse : cette grande personne peut tout comprendre, même les livres pour enfants.

J'ai une troisième excuse : cette grande personne habite la France où elle a faim et froid. Elle a besoin d'être consolée.

Si toutes ces excuses ne suffisent pas, je veux bien dédier ce livre à l'enfant qu'a été autrefois cette grande personne.

Toutes les grandes personnes ont d'abord été des enfants. (Mais peu d'entre elles s'en souviennent.) Je corrige donc ma dédicace :

A LÉON WERTH

QUAND IL ÉTAIT PETIT GARÇON

 

FÜR LÉON WERTH

Ich bitte die Kinder um Verzeihung, daß ich dieses Buch einem Erwachsenen widme.

Ich habe eine ernstliche Entschuldigung dafür: Dieser Erwachsene ist der beste Freund, den ich in der Welt habe.

Ich habe noch eine Entschuldigung: Dieser Erwachsene kann alles verstehen, sogar die Bücher für Kinder.

Ich habe eine dritte Entschuldigung: Dieser Erwachsene wohnt in Frankreich, wo er hungert und friert. Er braucht sehr notwendig einen Trost.

Wenn alle diese Entschuldigungen nicht ausreichen, so will ich dieses Buch dem Kinde widmen, das dieser Erwachsene einst war.

Alle großen Leute sind einmal Kinder gewesen (aber wenige erinnern sich daran). Ich verbessere also meine Widmung:

FÜR LÉON WERTH als er noch ein Junge war.

 

PREMIER CHAPITRE

 

Lorsque j'avais six ans j'ai vu, une fois, une magnifique image, dans un livre sur la Forêt Vierge qui s'appelait "Histoires Vécues". Ça représentait un serpent boa qui avalait un fauve. Voilà la copie du dessin.

On disait dans le livre: "Les serpents boas avalent leur proie tout entière, sans la mâcher.

Ensuite ils ne peuvent plus bouger et ils dorment pendant les six mois de leur digestion".

Als ich sechs Jahre alt war, sah ich einmal in einem Buch über den Urwald, das »Erlebte Geschichten« hieß, ein prächtiges Bild. Es stellte eine Riesenschlange dar, wie sie ein Wildtier verschlang. Hier ist eine Kopie der Zeichnung.

In dem Buche hieß es: »Die Boas verschlingen ihre Beute als Ganzes, ohne sie zu zerbeißen.

Daraufhin können sie sich nicht mehr rühren und schlafen sechs Monate, um zu verdauen.«

 

J'ai alors beaucoup réfléchi sur les aventures de la jungle et, à mon tour, j'ai réussi, avec un crayon de couleur, à tracer mon premier dessin. Mon dessin numéro 1. Il était comme ça:

J'ai montré mon chef d'oeuvre aux grandes personnes et je leur ai demandé si mon dessin leur faisait peur.

Elles m'ont répondu: "Pourquoi un chapeau ferait-il peur?"

Ich habe damals viel über die Abenteuer des Dschungels nachgedacht, und ich vollendete mit einem Farbstift meine erste Zeichnung. Meine Zeichnung Nr. 1. So sah sie aus:

Ich habe den großen Leuten mein Meisterwerk gezeigt und sie gefragt, ob ihnen meine Zeichnung nicht Angst mache.

Sie haben geantwortet: »Warum sollen wir vor einem Hut Angst haben?«

 

Mon dessin ne représentait pas un chapeau. Il représentait un serpent boa qui digérait un éléphant.

J'ai alors dessiné l'intérieur du serpent boa, afin que les grandes personnes puissent comprendre.

Elles ont toujours besoin d'explications. Mon dessin numéro 2 était comme ça:

Les grandes personnes m'ont conseillé de laisser de côté les dessins de serpents boas ouverts ou fermés, et de m'intéresser plutôt à la géographie, à l'histoire, au calcul et à la grammaire.

Meine Zeichnung stellte aber keinen Hut dar. Sie stellte eine Riesenschlange dar, die einen Elefanten verdaut.

Ich habe dann das Innere der Boa gezeichnet, um es den großen Leuten deutlich zu machen.

Sie brauchen ja immer Erklärungen. Hier meine Zeichnung Nr. 2:

Die großen Leute haben mir geraten, mit den Zeichnungen von offenen oder geschlossenen Riesenschlangen aufzuhören und mich mehr für Geographie, Geschichte, Rechnen und Grammatik zu interessieren.

 

C'est ainsi que j'ai abandonné, à l'âge de six ans, une magnifique carrière de peinture.

J'avais été découragé par l'insuccès de mon dessin numéro 1 et de mon dessin numéro 2.

Les grandes personnes ne comprennent jamais rien toutes seules, et c'est fatigant, pour les enfants, de toujours leur donner des explications.

So kam es daß ich eine großartige Laufbahn, die eines Malers nämlich, bereits im Alter von sechs Jahren aufgab.

Der Mißerfolg meiner Zeichnungen Nr. 1 und Nr. 2 hatte mir den Mut genommen.

Die großen Leute verstehen nie etwas von selbst, und für die Kinder ist es zu anstrengend, ihnen immer und immer wieder erklären zu müssen.

 

J'ai donc dû choisir un autre métier et j'ai appris à piloter des avions.

J'ai volé un peu partout dans le monde. Et la géographie, c'est exact, m'a beaucoup servi.

Je savais reconnaître, du premier coup d'oeil, la Chine de l'Arizona. C'est utile, si l'on est égaré pendant la nuit.

Ich war also gezwungen, einen anderen Beruf zu wählen, und lernte fliegen.

Ich bin überall in der Welt herumgeflogen, und die Geographie hat mir dabei wirklich gute Dienste geleistet.

Ich konnte auf den ersten Blick China von Arizona unterscheiden. Das ist sehr praktisch, wenn man sich in der Nacht verirrt hat.

 

J'ai ainsi eu, au cours de ma vie, des tas de contacts avec des tas de gens sérieux.

J'ai beaucoup vécu chez les grandes personnes. Je les ai vues de très près.

Ça n'a pas trop amélioré mon opinion.

So habe ich im Laufe meines Lebens mit einer Menge ernsthafter Leute zu tun gehabt.

Ich bin viel mit Erwachsenen umgegangen und habe Gelegenheit gehabt, sie ganz aus der Nähe zu betrachten.

Das hat meiner Meinung über sie nicht besonders gut getan.

 

Quand j'en rencontrais une qui me paraissait un peu lucide,

je faisais l'expérience sur elle de mon dessin no.1 que j'ai toujours conservé.

Je voulais savoir si elle était vraiment compréhensive.

Mais toujours elle me répondait: "C'est un chapeau."

Alors je ne lui parlais ni de serpents boas, ni de forêts vierges, ni d'étoiles.

Je me mettais à sa portée. Je lui parlais de bridge, de golf, de politique et de cravates.

Et la grande personne était bien contente de connaître un homme aussi raisonnable.

Wenn ich jemanden traf, der mir ein bißchen heller vorkam,

versuchte ich es mit meiner Zeichnung Nr. 1, die ich gut aufbewahrt habe.

Ich wollte sehen, ob er wirklich etwas los hatte.

Aber jedesmal bekam ich zur Antwort: »Das ist ein Hut.«

Dann redete ich mit ihm weder über Boas, noch über Urwälder, noch über die Sterne.

Ich stellte mich auf seinen Standpunkt. Ich sprach mit ihm über Bridge, Golf, Politik und Krawatten.

Und der große Mensch war äußerst befriedigt, einen so vernünftigen Mann getroffen zu haben.

 

CHAPITRE II

 

J'ai ainsi vécu seul, sans personne avec qui parler véritablement, jusqu'à une panne dans le désert du Sahara, il y a six ans.

Quelque chose s'était cassé dans mon moteur, Et comme je n'avais avec moi ni mécanicien, ni passagers, je me préparai à essayer de réussir, tout seul, une réparation difficile.

C'était pour moi une question de vie ou de mort. J'avais à peine de l'eau à boire pour huit jours.

Ich blieb also allein, ohne jemanden, mit dem ich wirklich hätte sprechen können, bis ich vor sechs Jahren einmal eine Panne in der Wüste Sahara hatte.

Etwas an meinem Motor war kaputtgegangen. Und da ich weder einen Mechaniker noch Passagiere bei mir hatte, machte ich mich ganz allein an die schwierige Reparatur.

Es war für mich eine Frage auf Leben und Tod. Ich hatte für kaum acht Tage Trinkwasser mit.

 

Le premier soir je me suis donc endormi sur le sable à mille milles de toute terre habitée.

J'étais bien plus isolé qu'un naufragé sur un radeau au milieu de l'océan.

Alors vous imaginez ma surprise, au lever du jour, quand une drôle de petite voix m'a réveillé.

Elle disait:

-S'il vous plaît...dessine-moi un mouton!

-Hein!

-Dessine-moi un mouton...

Am ersten Abend bin ich also im Sande eingeschlafen, tausend Meilen von jeder bewohnten Gegend entfernt.

Ich war viel verlassener als ein Schiffbrüchiger auf einem Floß mitten im Ozean.

Ihr könnt euch daher meine Überraschung vorstellen, als bei Tagesanbruch eine seltsame kleine Stimme mich weckte:

»Bitte... zeichne mir ein Schaf!«

»Wie bitte?«

»Zeichne mir ein Schaf...«

 

J'ai sauté sur mes pieds comme si j'avais été frappé par la foudre.

J'ai bien frotté mes yeux. J'ai bien regardé.

Et j'ai vu un petit bonhomme tout à fait extraordinaire qui me considérait gravement.

Voilà le meilleur portrait que, plus tard, j'ai réussi à faire de lui.

Ich bin auf die Füße gesprungen, als wäre der Blitz in mich gefahren.

Ich habe mir die Augen gerieben und genau hingeschaut. Da sah ich ein kleines, höchst ungewöhnliches Männchen, das mich ernsthaft betrachtete.

Hier das beste Porträt, das ich später von ihm zuwege brachte.

 

Mais mon dessin, bien sûr, est beaucoup moins ravissant que le modèle. Ce n'est pas de ma faute.

J'avais été découragé dans ma carrière de peintre par les grandes personnes, à l'age de six ans, et je n'avais rien appris à dessiner, sauf les boas fermés et les boas ouverts.

Aber das Bild ist bestimmt nicht so bezaubernd wie das Modell. Ich kann nichts dafür.

Ich war im Alter von sechs Jahren von den großen Leuten aus meiner Malerlaufbahn geworfen worden und hatte nichts zu zeichnen gelernt als geschlossene und offene Riesenschlangen.

 

Je regardai donc cette apparition avec des yeux tout ronds d'étonnement.

N'oubliez pas que je me trouvais à mille milles de toute région habitée.

Or mon petit bonhomme ne me semblait ni égaré, ni mort de fatigue, ni mort de faim, ni mort de soif, ni mort de peur.

Il n'avait en rien l'apparence d'un enfant perdu au milieu du désert, à mille milles de toute région habitée.

Ich schaute mir die Erscheinung also mit großen, staunenden Augen an.

Vergeßt nicht, daß ich mich tausend Meilen abseits jeder bewohnten Gegend befand.

Auch schien mir mein kleines Männchen nicht verirrt, auch nicht halbtot vor Müdigkeit, Hunger, Durst oder Angst.

Es machte durchaus nicht den Eindruck eines mitten in der Wüste verlorenen Kindes, tausend Meilen von jeder bewohnten Gegend.

 

Quand je réussis enfin de parler, je lui dis:

-Mais qu'est-ce que tu fais là?

Et il me répéta alors, tout doucement, comme une chose très sérieuse:

-S'il vous plaît...dessine-moi un mouton...

Als ich endlich sprechen konnte, sagte ich zu ihm:

»Aber... was machst denn du da?«

Da wiederholte es ganz sanft, wie eine sehr ernsthafte Sache:

»Bitte... zeichne mir ein Schaf...«

 

Quand le mystère est trop impressionnant, on n'ose pas désobéir.

Aussi absurde que cela me semblât à mille milles de tous les endroits habités et en danger de mort, je sortis de ma poche une feuille de papier et un stylographe.

Mais je me rappelai alors que j'avais surtout étudié la géographie, l'histoire, le calcul et la grammaire

et je dis au petit bonhomme (avec un peu de mauvaise humeur) que je ne savais pas dessiner.

Wenn das Geheimnis zu eindrucksvoll ist, wagt man nicht zu widerstehen.

So absurd es mir erschien - tausend Meilen von jeder menschlichen Behausung und in Todesgefahr -, ich zog aus meiner Tasche ein Blatt Papier und eine Füllfeder.

Dann aber erinnerte ich mich, daß ich vor allem Geographie, Geschichte, Rechnen und Grammatik studiert hatte,

und mißmutig sagte ich zu dem Männchen, daß ich nicht zeichnen könne.

 

Il me répondit:

-Ça ne fait rien. Dessine-moi un mouton.

Comme je n'avais jamais dessiné un mouton je refis, pour lui, un des deux seuls dessins dont j'étais capable. Celui du boa fermé.

Et je fus stupéfait d'entendre le petit bonhomme me répondre:

-Non! Non! Je ne veux pas d'un éléphant dans un boa.

Un boa c'est très dangereux, et un éléphant c'est très encombrant. Chez moi c'est tout petit.

J'ai besoin d'un mouton. Dessine-moi un mouton.

Es antwortete:

»Das macht nichts. Zeichne mir ein Schaf.«

Da ich nie ein Schaf gezeichnet hatte, machte ich ihm eine von den einzigen zwei Zeichnungen, die ich zuwege brachte. Die von der geschlossenen Riesenschlange.

Und ich war höchst verblüfft, als ich das Männchen sagen hörte:

»Nein, nein! Ich will keinen Elefanten in einer Riesenschlange.

Eine Riesenschlange ist sehr gefährlich und ein Elefant braucht viel Platz. Bei mir zu Hause ist wenig Platz.

Ich brauche ein Schaf. Zeichne mir ein Schaf.«

 

Alors j'ai dessiné.

Il regarda attentivement, puis:

-Non! Celui-là est déjà très malade. Fais-en un autre.

Je dessinai:

Mon ami sourit gentiment, avec indulgence:

-Tu vois bien...ce n'est pas un mouton, c'est un bélier. Il a des cornes...

Je refis donc encore mon dessin: Mais il fut refusé, comme les précédents:

-Celui-là est trop vieux. Je veux un mouton qui vive longtemps.

Alors, faute de patience, comme j'avais hâte de commencer le démontage de mon moteur,

je griffonnai ce dessin-ci. Et je lançai:

-Ça c'est la caisse. Le mouton que tu veux est dedans.

Also habe ich gezeichnet.

»Nein! Das ist schon sehr krank. Mach ein anderes.«

Ich zeichnete.

Mein Freund lächelte artig und mit Nachsicht:

»Du siehst wohl... das ist kein Schaf, das ist ein Widder. Es hat Hörner...«

Ich machte also meine Zeichnung noch einmal. Aber sie wurde ebenso abgelehnt wie die vorigen:

»Das ist schon zu alt. Ich will ein Schaf, das lange lebt.«

Mir ging die Geduld aus, es war höchste Zeit, meinen Motor auszubauen,

so kritzelte ich diese Zeichnung da zusammen und knurrte dazu:

»Das ist die Kiste. Das Schaf, das du willst, steckt da drin.«

 

Mais je fus bien surpris de voir s'illuminer le visage de mon jeune juge:

-C'est tout à fait comme ça que je le voulais! Crois-tu qu'il faille beaucoup d'herbe à ce mouton?

-Pourquoi?

-Parce que chez moi c'est tout petit...

-Ça suffira sûrement. Je t'ai donné un tout petit mouton.

Il pencha la tête vers le dessin:

-Pas si petit que ça...Tiens! Il s'est endormi...

Et c'est ainsi que je fis la connaissance du petit prince.

Und ich war höchst überrascht, als ich das Gesicht meines jungen Kritikers aufleuchten sah:

»Das ist ganz so, wie ich es mir gewünscht habe. Meinst du, daß dieses Schaf viel Gras braucht?«

»Warum?«

»Weil bei mir zu Hause alles ganz klein ist...«

»Es wird bestimmt ausreichen. Ich habe dir ein ganz kleines Schaf geschenkt.«

Er neigte den Kopf über die Zeichnung:

»Nicht so klein wie... Aber sieh nur! Es ist eingeschlafen...«

So machte ich die Bekanntschaft des kleinen Prinzen.

 

CHAPITRE III

 

Il me fallut longtemps pour comprendre d'où il venait.

Le petit prince, qui me posait beaucoup de questions, ne semblait jamais entendre les miennes.

Ce sont des mots prononcés par hasard qui, peu à peu, m'ont tout révélé.

Ainsi, quand il aperçu pour la première fois mon avion, il me demanda:

(je ne dessinerai pas mon avion, c'est un dessin beaucoup trop compliqué pour moi)

Ich brauchte lange Zeit, um zu verstehen, woher er kam.

Der kleine Prinz, der viele Fragen am mich richtete, schien die meinen nie zu hören.

Zufällig aufgefangene Worte haben mir nach und nach sein Geheimnis enthüllt.

So fragte er, als er zum erstenmal mein Flugzeug sah,

(ich werde mein Flugzeug nicht zeichnen, das ist eine viel zu komplizierte Sache für mich):

 

-Qu'est ce que c'est que cette chose-là?

-Ce n'est pas une chose. Ça vole. C'est un avion. C'est mon avion.

Et j'étais fier de lui apprendre que je volais. Alors il s'écria:

-Comment! tu es tombé du ciel!

-Oui, fis-je modestement.

-Ah! ça c'est drôle...

»Was ist das für ein Ding da?«

»Das ist kein Ding. Das fliegt. Das ist ein Flugzeug.«

Und ich war stolz, ihm sagen zu können, daß ich fliege. Da rief er:

»Wie! Du bist vom Himmel gefallen?«

»Ja«, sagte ich bescheiden.

»Ah! Das ist ja lustig...«

 

Et le petit prince eut un très joli éclat de rire qui m'irrita beaucoup.

Je désire que l'on prenne mes malheurs au sérieux. Puis il ajouta:

-Alors, toi aussi tu viens du ciel! De quelle planète es-tu?

J'entrevis aussitôt une lueur, dans le mystère de sa présence, et j'interrogeai brusquement:

-Tu viens donc d'une autre planète?

Mais il ne me répondit pas. Il hochait la tête doucement tout en regardant mon avion:

-C'est vrai que, là-dessus, tu ne peux pas venir de bien loin...

Et il s'enfonça dans une rêverie qui dura longtemps.

Puis, sortant mon mouton de sa poche, il se plongea dans la contemplation de son trésor.

Und der kleine Prinz bekam einen ganz tollen Lachanfall, der mich ordentlich ärgerte.

Ich lege Wert darauf, daß meine Unfälle ernst genommen werden. Er aber fuhr fort:

»Also auch du kommst vom Himmel! Von welchem Planeten bist du denn?«

Da ging mir ein Licht auf über das Geheimnis seiner Anwesenheit und ich fragte hastig:

»Du kommst also von einem anderen Planeten?«

Aber er antwortete nicht. Er schüttelte nur sanft den Kopf, indem er mein Flugzeug musterte:

»Freilich, auf dem Ding da kannst nicht allzu weit herkommen...«

Und er versank in eine Träumerei, die lange dauerte.

Dann nahm er mein Schaf aus der Tasche und vertiefte sich in den Anblick seines Schatzes.

 

Vous imaginez combien j'avais pu être intrigué par cette demi-confidence sur "les autres planètes".

Je m'efforçai donc d'en savoir plus long:

-D'où viens-tu mon petit bonhomme? Où est-ce "chez toi"? Où veux-tu emporter mon mouton?

Il me répondit après un silence méditatif:

-Ce qui est bien, avec la caisse que tu m'as donnée, c'est que, la nuit, ça lui servira de maison.

-Bien sûr. Et si tu es gentil, je te donnerai aussi une corde pour l'attacher pendant le jour. Et un piquet.

La proposition parut choquer le petit prince:

-L'attacher? Quelle drôle d'idée!

-Mais si tu ne l'attaches pas, il ira n'importe où, et il se perdra...

Ihr könnt euch vorstellen, wie stark diese Andeutung über die »anderen Planeten« mich beunruhigen mußte.

Ich bemühte mich also, mehr zu erfahren:

»Woher kommst du, mein kleines Kerlchen? Wo bist du denn zu Hause? Wohin willst du mein Schaf mitnehmen?«

Er antwortete nach einem nachdenklichen Schweigen:

»Die Kiste, die du mir da geschenkt hast, hat das Gute, daß sie ihm nachts als Haus dienen kann.«

»Gewiß. Und wenn du brav bist, gebe ich dir auch einen Strick, um es tagsüber anzubinden. Und einen Pflock dazu.«

Dieser Vorschlag schien den kleinen Prinzen zu kränken:

»Anbinden? Was für eine komische Idee.

»Aber wenn du es nicht anbindest, wird es doch weglaufen...«

 

Et mon ami eut un nouvel éclat de rire:

-Mais où veux-tu qu'il aille!

-N'importe où. Droit devant lui...

Alors le petit prince remarqua gravement:

-Ça ne fait rien, c'est tellement petit, chez moi!

Et, avec un peu de mélancolie, peut-être, il ajouta:

-Droit devant soi on ne peut pas aller bien loin...

Da brach meine Freund in ein neuerliches Gelächter aus:

»Aber wo soll es denn hinlaufen?«

»Irgendwohin. Geradeaus...«

Da versetzte der kleine Prinz ernsthaft:

»Das macht nichts aus, es ist so klein bei mir zu Hause!«

Und, vielleicht ein bißchen schwermütig, fügte er hinzu:

»Geradeaus kann man nicht sehr weit gehen...«

 

CHAPITRE IV

 

J'avais ainsi appris une seconde chose très importante:

C'est que sa planète d'origine était à peine plus grande qu'une maison!

Ça ne pouvait pas m'étonner beaucoup.

Je savais bien qu'en dehors des grosses planètes comme la Terre, Jupiter, Mars, Vénus, auxquelles on a donné des noms, il y en a des centaines d'autres qui sont quelque-fois si petites qu'on a beaucoup de mal à les apercevoir au télescope.

Quand un astronome découvre l'une d'elles, il lui donne pour nom un zéro.

Il l'appelle par exemple: "l'astéroïde 3251."

Ich hatte eine zweite sehr wichtige Sache erfahren:

der Planet seiner Herkunft war kaum größer als ein Haus!

Das erschien mir gar nicht verwunderlich.

Ich wußte ja, daß es außer den großen Planeten wie der Erde, dem Jupiter, dem Mars, der Venus, denen man Namen gegeben hat, noch Hunderte von anderen gibt, die manchmal so klein sind, daß man Mühe hat, sie im Fernrohr zu sehen.

Wenn ein Astronom einen von ihnen entdeckt, gibt er ihm statt des Namens eine Nummer.

Er nennt ihn zum Beispiel: Asteroid Nr. 3.251.

 

J'ai de sérieuses raisons de croire que la planète d'ou venait le petit prince est l'astéroïde B 612.

Cet astéroïde n'a été aperçu qu'une fois au télescope, en 1909, par un astronome turc.

Il avait fait alors une grande démonstration de sa découverte à un Congrès International d'Astronomie.

Mais personne ne l'avait cru à cause de son costume. Les grandes personnes sont comme ça.

Heureusement, pour la réputation de l'astéroïde B 612 un dictateur turc imposa à son peuple, sous peine de mort, de s'habiller à l'Européenne.

L'astronome refit se démonstration en 1920, dans un habit très élégant. Et cette fois-ci tout le monde fut de son avis.

Ich habe ernsthafte Gründe zu glauben, daß der Planet, von dem der kleine Prinz kam, der Asteroid B 612 ist.

Dieser Planet ist nur ein einziges Mal im Jahre 1909 von einem türkischen Astronomen im Fernrohr gesehen worden.

Er hatte damals beim internationalen Astronomen- kongreß einen großen Vortrag über seine Entdeckung gehalten.

Aber niemand hatte ihm geglaubt, und zwar ganz einfach seines Anzuges wegen. Die großen Leute sind so.

Zum Glück für den Ruf des Planeten B 612 befahl ein türkischer Diktator seinem Volk bei Todesstrafe, nur noch europäische Kleider zu tragen.

Der Astronom wiederholte seinen Vortrag im Jahre 1920 in einem sehr eleganten Anzug. Und diesmal gaben sie ihm alle recht.

 

Si je vous ai raconté ces détails sur l'astéroïde B 612 et si je vous ai confié son numéro, c'est à cause des grandes personnes. Les grandes personnes aiment les chiffres.

Quand vous leur parlez d'un nouvel ami, elles ne vous questionnent jamais sur l'essentiel.

Elles ne vous disent jamais: "Quel est le son de sa voix? Quels sont les jeux qu'il préfère? Est-ce qu'il collectionne les papillons?"

Elles vous demandent: "Quel âge a-t-il? Combien a-t-il de frères? Combien pèse-t-il? Combien gagne son père?" Alors seulement elles croient le connaître.

Wenn ich euch dieses nebensächliche Drum und Dran über den Planeten B 612 erzähle und euch sogar seine Nummer anvertraue, so geschieht das der großen Leute wegen. Die großen Leute haben eine Vorliebe für Zahlen.

Wenn ihr ihnen von einem neuen Freund erzählt, befragen sie euch nie über das Wesentliche.

Sie fragen euch nie: Wie ist der Klang seiner Stimme? Welche Spiele liebt er am meisten? Sammelt er Schmetterlinge? Sie fragen euch: Wie alt ist er? Wieviele Brüder hat er? Wieviel wiegt er? Wieviel verdient sein Vater? Dann erst glauben sie, ihn zu kennen.

 

Si vous dites aux grandes personnes: "J'ai vu une belle maison en briques roses, avec des géraniums aux fenêtres et des colombes sur le toit..." elles ne parviennent pas à s'imaginer cette maison. Il faut leur dire: "J'ai vu une maison de cent mille francs." Alors elles s'écrient: "Comme c'est joli!"

Wenn ihr zu den großen Leute sagt: Ich habe ein sehr schönes Haus mit roten Ziegeln gesehen, mit Geranien vor den Fenstern und Tauben auf dem Dach... dann sind sie nicht imstande, sich dieses Haus vorzustellen. Man muß ihnen sagen: Ich habe ein Haus gesehen, das hunderttausend Franken wert ist. Dann schreien sie gleich: Ach wie schön!

 

Ainsi, si vous leur dites: "La preuve que le petit prince a existé c'est qu'il était ravissant, et qu'il voulait un mouton. Quand on veut un mouton, c'est la preuve qu'on existe" elles hausseront les épaules et vous traiteront d'enfant!

Mais si vous leur dites: "La planète d'où il venait est l'astéroïde B 612" alors elles seront convaincues, et elles vous laisseront tranquille avec leurs questions.

Elles sont comme ça. Il ne faut pas leur en vouloir. Les enfants doivent être très indulgents envers les grandes personnes.

So auch, wenn ihr ihnen sagt: Der Beweis dafür, daß es den kleinen Prinzen wirklich gegeben hat, besteht darin, daß er entzückend war, daß er lachte und daß er ein Schaf haben wollte; denn wenn man sich ein Schaf wünscht, ist es doch ein Beweis dafür, daß man lebt, - dann werden sie die Achseln zucken und euch als Kinder behandeln.

Aber wenn ihr ihnen sagt: der Planet, von dem er kam, ist der Planet B 612, dann werden sie überzeugt sein und euch mit ihren Fragen in Ruhe lassen.

So sind sie. Man darf ihnen das auch nicht übelnehmen. Kinder müssen mit großen Leuten viel Nachsicht haben.

 

Mais, bien sûr, nous qui comprenons la vie, nous nous moquons bien des numéros!

J'aurais aimé commencer cette histoire à la façon des contes de fées. J'aurais aimé dire:

"Il était une fois un petit prince qui habitait une planète à peine plus grande que lui, et qui avait besoin d'un ami..." Pour ceux qui comprennent la vie, ça aurait eu l'air beaucoup plus vrai.

Wir freilich, die wir wissen, was das Leben eigentlich ist, wir machen uns nur lustig über die albernen Zahlen.

Viel lieber hätte ich diese Geschichte begonnen wie ein Märchen. Am liebsten hätte ich so angefangen:

Es war einmal ein kleiner Prinz, der wohnte auf einem Planeten, der kaum größer war als er selbst, und er brauchte einen Freund...

Für die, die das Leben richtig verstehen, würde das viel glaubwürdiger klingen.

 

Car je n'aime pas qu'on lise mon livre à la légère. J'éprouve tant de chagrin à raconter ces souvenirs.

Il y a six ans déjà que mon ami s'en est allé avec son mouton.

Si j'essaie ici de le décrire, c'est afin de ne pas l'oublier. C'est triste d'oublier un ami.

Tout le monde n'a pas eu un ami.

Et je puis devenir comme les grandes personnes qui ne s'intéressent plus qu'aux chiffres.

C'est donc pour ça encore que j'ai acheté une boîte de couleurs et des crayons.

Denn ich möchte nicht, daß man mein Buch leicht nimmt. Ich empfinde so viel Kummer beim Erzählen dieser Erinnerungen.

Es ist nun schon sechs Jahre her, daß mein Freund mit seinem Schaf davongegangen ist.

Wenn ich hier versuche, ihn zu beschreiben, so tue ich das, um ihn nicht zu vergessen.

Nicht jeder hat einen Freund gehabt.

Und ich könnte wie die großen Leute werden, die sich nur für Ziffern interessieren,

deshalb habe ich mir schließlich auch einen Farbenkasten und Zeichenstifte gekauft.

 

C'est dur de se remettre au dessin, à mon âge, quand on n'a jamais fait d'autres tentatives que celle d'un boa fermé et celle d'un boa ouvert, à l'âge de six ans!

J'essayerais bien sûr, de faire des portraits le plus ressemblants possible.

Mais je ne suis pas tout à fait certain de réussir.

Un dessin va, et l'autre ne ressemble plus.

Es ist schwer, sich in meinem Alter noch einmal mit dem Zeichnen einzulassen, wenn man seit seinem sechsten Lebensjahre nie andere Versuche gemacht hat als die mit einer geschlossenen und offenen Klapperschlange.

Ich werde selbstverständlich versuchen, die Bilder so wirklichkeitsgetreu wie möglich zu machen.

Aber ich bin nicht ganz sicher, ob es mir gelingen wird.

Die eine Zeichnung geht, die andere ist schon nicht mehr ähnlich.

 

Je me trompe un peu aussi sur la taille.

Ici le petit prince est trop grand. Là il est trop petit.

J'hésite aussi sur la couleur de son costume.

Alors je tâtonne comme ci et comme ça, tant bien que mal.

Ich irre mich auch mitunter in den Maßen.

Da ist der kleine Prinz zu groß und da ist er zu klein.

Auch die Farbe seiner Kleider macht mir Kummer.

Dann probiere ich hin und her, so gut es eben geht.

 

Je me tromperai enfin sur certains détails plus importants.

Mais ça, il faudra me le pardonner.

Mon ami ne donnait jamais d'explications.

Il me croyait peut-être semblable à lui.

Mais moi, malheureusement, je ne sais pas voir les moutons à travers les caisses.

Je suis peut-être un peu comme les grandes personnes. J'ai dû vieillir.

Ich werde mich vermutlich auch bei wichtigeren Einzelheiten irren.

Aber das muß man doch schon nachsehen.

Mein Freund hat mir nie Erklärungen gegeben.

Er glaubte wahrscheinlich, ich sei wie er.

Aber ich bin leider nicht imstande, durch die Kistenbretter hindurch Schafe zu sehen.

Ich gleiche doch wohl schon eher den großen Leuten. Ich mußte ja im Laufe der Zeit älter werden.

 

CHAPITRE V

 

Chaque jour j'apprenais quelque chose sur la planète, sur le départ, sur le voyage.

Ça venait tout doucement, au hasard des réflexions.

C'est ainsi que, le troisième jour, je connus le drame des baobabs.

Cette fois-ci encore fut grâce au mouton, car brusquement le petit prince m'interrogea, comme pris d'un doute grave:

-C'est bien vrai, n'est-ce pas, que les moutons mangent les arbustes?

-Oui. C'est vrai.

-Ah! Je suis content.

Jeden Tag erfuhr ich etwas Neues über den Planeten, über die Abreise und über die Fahrt.

Das ergab sich ganz sachte im Laufe meiner Überlegungen.

So lernte ich am dritten Tage die Tragödie der Affenbrotbäume kennen.

Auch dies verdanke ich schließlich dem Schaf, denn unvermittelt fragte mich der kleine Prinz, als wäre er von einem schweren Zweifel geplagt:

»Es stimmt doch, daß Schafe Stauden fressen?«

»Ja, das stimmt.«

»Ach, da bin ich froh!«

 

Je ne compris pas pourquoi il était si important que les moutons mangeassent les arbustes.

Mais le petit prince ajouta:

-Par conséquent ils mangent aussi les baobabs?

Je fis remarquer au petit prince que les baobabs ne sont pas des arbustes, mais des arbres grand comme des églises et que, si même il emportait avec lui tout un troupeau d'éléphants, ce troupeau ne viendrait pas à bout d'un seul baobab.

Ich verstand nicht, warum es so wichtig war, daß Schafe Stauden fressen.

Aber der kleine Prinz fügte hinzu:

»Dann fressen sie doch auch Affenbrotbäume?«

Ich erklärte dem kleinen Prinzen ausführlich, daß Affenbrotbäume doch keine Stauden sind, sondern kirchturmhohe Bäume, und selbst wenn er eine ganze Herde Elefanten mitnähme, würde diese Herde nicht mit einem einzigen Affenbrotbaum fertig werden.

 

L'idée du troupeau d'éléphants fit rire le petit prince:

-Il faudrait les mettre les uns sur les autres...

Mais il remarqua avec sagesse:

-Les baobabs, avant de grandir, ça commence par être petit.

-C'est exact! Mais pourquoi veux-tu que tes moutons mangent les petits baobabs?

Il me répondit: "Ben! Voyons!" comme il s'agissait là d'une évidence.

Et il me fallut un grand effort d'intelligence pour comprendre à moi seul ce problème.

Der Einfall mit den Elefanten brachte in zum Lachen.

»Man müßte sie übereinanderstellen...«

Aber dann bemerkte er klugerweise:

»Bevor die Affenbrotbäume groß werden, fangen sie ja erst damit an, klein zu sein.«

»Das ist schon richtig. Aber warum willst du, daß deine Schafe die kleinen Affenbrotbäume fressen?«

Er antwortete: »Schon gut! Wir werden ja sehen!« als ob es sich da um das klarste Ding der Welt handelte.

Und ich mußte meinen ganzen Verstand aufbieten, um der Sache auf den Grund zu kommen.

 

Et en effet, sur la planète du petit prince, il y avait comme sur toutes les planètes, de bonnes herbes et de mauvaises herbes.

Par conséquent de bonnes graines de bonnes herbes et de mauvaises graines de mauvaises herbes.

Mais les graines sont invisibles.

Elles dorment dans le secret de la terre jusqu'à ce qu'il prenne fantaisie à l'une d'elles de se réveiller.

Alors elle s'étire, et pousse d'abord timidement vers le soleil une ravissante petite brindille de radis ou de rosier, on peut la laisser pousser comme elle veut.

In der Tat gab es auf dem Planeten des kleinen Prinzen wie auf allen Planeten gute Gewächse und schlechte Gewächse.

Infolgedessen auch gute Samenkörner von guten Gewächsen und schlechte Samenkörner von schlechten Gewächsen.

Aber die Samen sind unsichtbar.

Sie schlafen geheimnisvoll in der Erde, bis es einem von ihnen einfällt, aufzuwachen.

Dann streckt er sich und treibt zuerst schüchtern einen entzückenden kleinen Sproß zur Sonne, einen ganz harmlosen.

Wenn es sich um einen Radieschen- oder Rosentrieb handelt, kann man ihn wachsen lassen, wie er will.

 

Mais s'il s'agit d'une mauvaise plante, il faut arracher la plante aussitôt, dès qu'on a su la reconnaître.

Or il y avait des graines terribles sur la planète du petit prince...c'étaient les graines de baobabs.

Le sol de la planète en était infesté.

Or un baobab, si l'on s'y prend trop tard, on ne peut jamais plus s'en débarrasser.

Il encombre toute la planète. Il la perfore de ses racines.

Et si la planète est trop petite, et si les baobabs sont trop nombreux, ils la font éclater.

Aber wenn es sich um eine schädliche Pflanze handelt, muß man die Pflanze beizeiten herausreißen, sobald man erkannt hat, was für eine es ist.

Nun, auf dem Planeten des kleinen Prinzen gab es fürchterliche Samen... und das waren die Samen der Affenbrotbäume.

Der Boden des Planeten war voll davon.

Aber einen Affenbrotbaum kann man, wenn man ihn zu spät angeht, nie mehr loswerden.

Er bemächtigt sich des ganzen Planeten. Er durchdringt ihn mit seinen Wurzeln.

Und wenn der Planet zu klein ist und die Affenbrotbäume zu zahlreich werden, sprengen sie ihn.

 

"C'est une question de discipline, me disait plus tard le petit prince.

Quand on a terminé sa toilette du matin, il faut faire soigneusement la toilette de la planète.

Il faut s'astreindre régulièrement à arracher les baobabs dès qu'on les distingue d'avec les rosiers auxquels ils se rassemblent beaucoup quand ils sont très jeunes.

C'est un travail très ennuyeux, mais très facile."

»Es ist eine Frage der Disziplin«, sagte mir später der kleine Prinz.

»Wenn man seine Morgentoilette beendet hat, muß man sich ebenso sorgfältig an die Toilette des Planeten machen.

Man muß sich regelmäßig dazu zwingen, die die Sprößlinge der Affenbrotbäume auszureißen, sobald man sie von den Rosensträuchern unterscheiden kann, denen sie in der Jugend sehr ähnlich sehen.

Das ist eine zwar langweilige, aber leichte Arbeit.«

 

Et un jour il me conseilla de m'appliquer à réussir un beau dessin, pour bien faire entrer ça dans la tête des enfants de chez moi.

"S'ils voyagent un jour, me disait-il, ça pourra leur servir.

Il est quelquefois sans inconvénient de remettre à plus tard son travail.

Mais, s'il s'agit des baobabs, c'est toujours une catastrophe.

J'ai connu une planète, habitée par un paresseux. Il avait négligé trois arbustes..."

Und eines Tages riet er mir, ich solle mich bemühen, eine schöne Zeichnung zustande zu bringen, damit es den Kindern bei mir daheim auch richtig in den Kopf gehe.

»Wenn sie eines Tages auf die Reise gehen«, sagte er, »kann es ihnen zugute kommen.

Zuweilen macht es ja wohl nichts aus, wenn man seine Arbeit auf später verschiebt.

Aber wenn es sich um Affenbrotbäume handelt, führt das stets zur Katastrophe.

Ich habe einen Planeten gekannt, den ein Faulpelz bewohnte. Er hatte drei Sträucher übersehen...«

 

Et, sur les indications du petit prince, j'ai dessiné cette planète-là.

Je n'aime guère prendre le ton d'un moraliste.

Mais le danger des baobabs est si peu connu, et les risques courus par celui qui s'égarerait dans un astéroïde sont si considérables, que, pour une fois, je fais exception à ma réserve.

Je dis: "Enfants! Faites attention aux baobabs!"

C'est pour avertir mes amis du danger qu'ils frôlaient depuis longtemps, comme moi-même, sans le connaître, que j'ai tant travaillé ce dessin-là.

Und so habe ich denn diesen Planeten nach den Angaben des kleinen Prinzen gezeichnet.

Ich nehme nicht gerne den Tonfall eines Moralisten an.

Aber die Gefährlichkeit der Affenbrotbäume ist so wenig bekannt, und die Gefahren, die jedem drohen, der sich auf einen Asteroiden verirrt, sind so beträchtlich ,daß ich für dieses eine Mal aus meiner Zurückhaltung heraustrete.

Ich sage: Kinder, Achtung! Die Affenbrotbäume!

Um meine Freunde auf eine Gefahr aufmerksam zu machen, die - unerkannt - ihnen wie mir seit langem droht, habe ich so viel an dieser Zeichnung gearbeitet.

 

La leçon que je donnais en valait la peine.

Vous vous demanderez peut-être:

Pourquoi n'y a-t-il pas dans ce livre, d'autres dessins aussi grandioses que le dessin des baobabs?

La réponse est bien simple: J'ai essayé mais je n'ai pas pu réussir.

Quand j'ai dessiné les baobabs j'ai été animé par le sentiment de l'urgence.

Die Lehre, die ich damit gebe, ist gewiß der Mühe wert.

Ihr werdet euch vielleicht fragen:

Warum enthält dieses Buch nicht noch andere, ebenso großartige Zeichnungen wie die Zeichnung von den Affenbrotbäumen ?

Die Antwort ist sehr einfach: Ich habe wohl den Versuch gewagt, aber es ist mir nicht gelungen.

Als ich die Affenbrotbäume zeichnete, war ich vom Gefühl der Dringlichkeit beseelt.

 

CHAPITRE VI

 

Ah! petit prince, j'ai compris, peu à peu, ainsi, ta petite vie mélancolique.

Tu n'avais eu longtemps pour ta distraction que la douceur des couchers du soleil.

J'ai appris ce détail nouveau, le quatrième jour au matin, quand tu m'as dit:

-J'aime bien les couchers de soleil. Allons voir un coucher de soleil...

-Mais il faut attendre...

-Attendre quoi?

-Attendre que le soleil se couche.

Tu as eu l'air très surpris d'abord, et puis tu as ri de toi-même. Et tu m'as dit:

-Je me crois toujours chez moi!

Ach, kleiner Prinz, so nach und nach habe ich dein kleines schwermütiges Leben verstanden.

Lange Zeit hast du, um dich zu zerstreuen, nichts anderes gehabt als die Lieblichkeit der Sonnenuntergänge.

Das erfuhr ich am Morgen des vierten Tages, als du mir sagtest:

»Ich liebe Sonnenuntergänge sehr. Komm, laß uns einen Sonnenuntergang anschauen...«

»Da muß man noch warten...«

»Worauf denn warten?«

»Warten, bis die Sonne untergeht.«

Du hast zuerst ein sehr erstauntes Gesicht gemacht und dann über dich selber gelacht. Und du hast zu mir gesagt:

»Ich bilde mir immer ein, ich sei zu Hause!«

 

En effet. Quand il est midi aux Etats-Unis, le soleil, tout le monde sait, se couche sur la France.

Il suffirait de pouvoir aller en France en une minute pour assister au coucher de soleil.

Malheureusement la France est bien trop éloignée.

Mais, sur ta si petite planète, il te suffirait de tirer ta chaise de quelques pas.

Et tu regardais le crépuscule chaque fois que tu le désirais...

-Un jour, j'ai vu le soleil se coucher quarante-trois fois!

In der Tat. Wenn es in den Vereinigten Staaten Mittag ist, geht die Sonne, wie jedermann weiß, in Frankreich unter.

Um dort einem Sonnenuntergang beizuwohnen, müßte man in einer Minute mach Frankreich fliegen können.

Unglücklicherweise ist Frankreich viel zu weit weg.

Aber auf deinem so kleinen Planeten genügte es, den Sessel um einige Schritte weiterzurücken.

Und du erlebtest die Dämmerung, so oft du es wünschtest...

»An einem Tag habe ich die Sonne dreiundvierzigmal untergehen sehn!«

 

Et un peu plus tard tu ajoutais:

-Tu sais...quand on est tellement triste on aime les couchers de soleil...

-Le jour des quarante-trois fois tu étais donc tellement triste?

Mais le petit prince ne répondit pas.

Und ein wenig später fügtest du hinzu:

»Du weißt doch, wenn man recht traurig ist, liebt man die Sonnenuntergänge...«

»Am Tage mit den dreiundvierzigmal warst du also besonders traurig?«

Aber der kleine Prinz antwortete nicht.

 

CHAPITRE VII

 

Le cinquième jour, toujours grâce au mouton, ce secret de la vie du petit prince me fut révélé.

Il me demanda avec brusquerie, sans préambule, comme le fruit d'un problème longtemps médité en silence:

-Un mouton, s'il mange les arbustes, il mange aussi les fleurs?

-Un mouton mange tout ce qu'il rencontre.

-Même les fleurs qui ont des épines?

-Oui. Même les fleurs qui ont des épines.

-Alors les épines, à quoi servent-elles?

Am fünften Tag war es wieder das Schaf, das ein Lebensgeheimnis des kleinen Prinzen enthüllen half.

Er fragte mich unvermittelt, ohne Umschweife, als pflückte er die Frucht eines in langem Schweigen gereiften Problems:

»Wenn ein Schaf Sträucher frißt, so frißt es doch auch die Blumen?«

»Ein Schaf frißt alles, was ihm vors Maul kommt.« 틀렸네! Wenn ein Schaf.....

A Schaf frisst alles, was sie trifft.

»Auch die Blumen, die Dornen haben?«

»Ja. Auch die Blumen, die Dornen haben.«

»Wozu haben sie dann die Dornen?«

 

Je ne le savais pas.

J'étais alors très occupé à essayer de dévisser un boulon trop serré de mon moteur.

J'étais très soucieux car ma panne commençait de m'apparaître comme très grave,

et l'eau à boire qui s'épuisait me faisait craindre le pire.

-Les épines, à quoi servent-elles?

Ich wußte es nicht.

Ich war gerade mit dem Versuch beschäftigt, einen zu streng angezogenen Bolzen meines Motors abzuschrauben.

Ich war in großer Sorge, da mir meine Panne sehr bedenklich zu erscheinen begann,

und ich machte mich aufs Schlimmste gefaßt, weil das Trinkwasser zur Neige ging.

»Was für einen Zweck haben die Dornen?«

 

Le petit prince ne renonçait jamais à une question, une fois qu'il l'avait posée.

J'étais irrité par mon boulon et je répondis n'importe quoi:

-Les épines, ça ne sert à rien, c'est de la pure méchanceté de la part des fleurs!

-Oh!

Mais après un silence il me lança, avec une sorte de rancune:

-Je ne te crois pas! les fleurs sont faibles. Elles sont naïves.

Elles se rassurent comme elles peuvent. Elles se croient terribles avec leurs épines...

Der kleine Prinz verzichtete niemals auf eine Frage, wenn er sie einmal gestellt hatte.

Ich war völlig mit meinem Bolzen beschäftigt und antwortete aufs Geratewohl:

»Die Dornen, die haben gar keinen Zweck, die Blumen lassen sie aus reiner Bosheit wachsen!«

»Oh!«

Er schwieg. Aber dann warf er mir in einer Art Verärgerung zu:

»Das glaube ich dir nicht! Die Blumen sind schwach. Sie sind arglos.

Sie schützen sich, wie sie können. Sie bilden sich ein, daß sie mit Hilfe der Dornen gefährlich wären...«

 

Je ne répondis rien. A cet instant-là je me disais:

"Si ce boulon résiste encore, je le ferai sauter d'un coup de marteau."

Le petit prince dérangea de nouveau mes réflexions:

-Et tu crois, toi, que les fleurs...

-Mais non! Mais non! Je ne crois rien! J'ai répondu n'importe quoi.

Je m'occupe, moi, des choses sérieuses!

Il me regarda stupéfiait.

-De choses sérieuses!

Ich antwortete nichts und sagte mir im selben Augenblick:

Wenn dieser Bolzen noch lange bockt, werde ich ihn mit einem Hammerschlag heraushauen müssen.

Der kleine Prinz störte meine Überlegungen von neuem:

»Und du glaubst, daß die Blumen...«

»Aber nein! Aber nein! Ich glaube nichts! Ich habe irgend etwas dahergeredet.

Wie du siehst, beschäftige ich mich mit wichtigeren Dingen!«

Er schaute mich verdutzt an.

»Mit wichtigeren Dingen!«

 

Il me voyait, mon marteau à la main,

et les doigts noirs de cambouis, penché sur un objet

qui lui semblait très laid.

-Tu parles comme les grandes personnes!

Ça me fit un peu honte. Mais, impitoyable, il ajouta:

-Tu confonds tout...tu mélanges tout!

Il était vraiment très irrité. Il secouait au vent des cheveux tout dorés:

Er sah mich an, wie ich mich mit dem Hammer in der Hand

und vom Schmieröl verschmutzten Händen über einen Gegenstand beugte,

der ihm ausgesprochen häßlich erscheinen mußte.

»Du sprichst ja wie die großen Leute!«

Das beschämte mich. Er aber fügte unbarmherzig hinzu:

»Du verwechselst alles, du bringst alles durcheinander!«

Er war wirklich sehr aufgebracht. Er schüttelte sein goldenes Haar im Wind.

 

-Je connais une planète où il y a un Monsieur cramoisi.

Il n'a jamais respiré une fleur. Il n'a jamais regardé une étoile. Il n'a jamais aimé personne.

Il n'a jamais rien fait d'autre que des additions. Et toute la journée il répète comme toi:

"Je suis un homme sérieux! Je suis un homme sérieux!" et ça le fait gonfler d'orgueil.

Mais ce n'est pas un homme, c'est un champignon!

-Un quoi?

-Un champignon!

»Ich kenne einen Planeten, auf dem ein puterroter Herr haust.

Er hat nie den Duft einer Blume geatmet. Er hat nie einen Stern angeschaut. Er hat nie jemanden geliebt.

Er hat nie etwas anderes als Additionen gemacht. Und den ganzen Tag wiederholt er wie du:

Ich bin ein ernsthafter Mann! Ich bin ein ernsthafter Mann! Und das macht ihn ganz geschwollen vor Hochmut.

Aber das ist kein Mensch, das ist ein Schwamm.«

»Ein was?«

»Ein Schwamm!«

 

Le petit prince était maintenant tout pâle de colère.

-Il y a des millions d'années que les fleurs fabriquent des épines.

Il y a des millions d'années que les moutons mangent quand même les fleurs.

Et ce n'est pas sérieux de chercher à comprendre pourquoi elles se donnent tant de mal pour se fabriquer des épines qui ne servent jamais à rien?

Ce n'est pas important la guerre des moutons et des fleurs?

Der kleine Prinz war jetzt ganz blaß vor Zorn.

»Es sind nun Millionen Jahre, daß die Blumen Dornen hervorbringen.

Es sind Millionen Jahre, daß die Schafe trotzdem die Blumen fressen.

Und du findest es unwichtig, wenn man wissen möchte, warum sie sich so viel Mühe geben, Dornen hervorzubringen, die zu nichts Zweck haben?

Dieser Kampf der Schafe mit den Blumen soll unwichtig sein?

 

Ce n'est pas sérieux et plus important que les additions d'un gros Monsieur rouge?

Et si je connais, moi, une fleur unique au monde, qui n'existe nulle part, sauf dans ma planète, et qu'un petit mouton peut anéantir d'un seul coup, comme ça, un matin, sans se rendre compte de ce qu'il fait, ce n'est pas important ça?

Il rougit, puis reprit:

Weniger ernsthaft als die Additionen eines dicken, roten Mannes?

Und wenn ich eine Blume kenne, die es in der ganzen Welt nur ein einziges Mal gibt, nirgends anders als auf meinem kleinen Planeten, und wenn ein kleines Schaf, ohne zu wissen, was es tut, diese Blume eines Morgens so mit einem einzigen Biß auslöschen kann, - das soll nicht wichtig sein?!«

Er wurde rot vor Erregung und fuhr fort:

 

-Si quelqu'un aime une fleur qui n'existe qu'à un exemplaire dans les millions d'étoiles,

ça suffit pour qu'il soit heureux quand il les regarde.

Il se dit: "Ma fleur est là quelque part..."

Mais si le mouton mange la fleur, c'est pour lui comme si, brusquement, toutes les étoiles s'éteignaient!

Et ce n'est pas important ça!

»Wenn einer eine Blume liebt, die es nur ein einziges Mal gibt auf allen Millionen und Millionen Sternen,

dann genügt es ihm völlig, daß er zu ihnen hinaufschaut, um glücklich zu sein.

Er sagt sich: Meine Blume ist da oben, irgendwo...

Wenn aber das Schaf die Blume frißt, so ist es für ihn, als wären plötzlich alle Sterne ausgelöscht!

Und das soll nicht wichtig sein?«

 

Il ne put rien dire de plus. Il éclata brusquement en sanglots.

La nuit était tombée. J'avais lâché mes outils.

Je me moquais bien de mon marteau, de mon boulon, de la soif et de la mort.

Il y avait sur une étoile, une planète, la mienne, la Terre, un petit prince à consoler!

Er konnte nichts mehr sagen. Er brach plötzlich in Schluchzen aus.

Die Nacht war hereingebrochen. Ich hatte mein Werkzeug weggelegt.

Mein Hammer, mein Bolzen, der Durst und der Tod, alles war mir gleichgültig.

Es galt auf einem Stern, einem Planeten, auf dem meinigen, hier auf der Erde, einen kleinen Prinzen zu trösten!

 

Je le pris dans les bras. Je le berçai. Je lui disais:

"La fleur que tu aimes n'est pas en danger...

Je lui dessinerai une muselière, à ton mouton...Je te dessinerai une armure pour ta fleur...Je..."

Je ne savais pas trop quoi dire. Je me sentais très maladroit.

Je ne savais comment l'atteindre, où le rejoindre...

C'est tellement mystérieux, le pays des larmes.

Ich nahm ihn in die Arme. Ich wiegte ihn. Ich flüsterte ihm zu:

»Die Blume, die du liebst, ist nicht in Gefahr...

Ich werde ihm einen Maulkorb zeichnen, deinem Schaf... Ich werde dir einen Zaun für deine Blume zeichnen... Ich...«

Ich wußte nicht, was ich noch sagen sollte. Ich kam mir sehr ungeschickt vor.

Ich wußte nicht, wie ich zu ihm gelangen, wo ich ihn erreichen konnte.

Es ist so geheimnisvoll, das Land der Tränen.

 

CHAPITRE VIII

 

J'appris bien vite à mieux connaître cette fleur.

Il y avait toujours eu, sur la planète du petit prince, des fleurs très simples, ornées d'un seul rang de pétales, et qui ne tenaient point de place, et qui ne dérangeaient personne.

Elles apparaissaient un matin dans l'herbe, et puis elles s'éteignaient le soir.

Mais celle-là avait germé un jour, d'une graine apportée d'on ne sait où,

et le petit prince avait surveillé de très près cette brindille qui ne ressemblait pas aux autres brindilles.

Bald sollte ich jene Blume besser kennenlernen.

Es hatte auf dem Planeten des kleinen Prinzen immer schon Blumen gegeben, sehr einfache, aus einem einzigen Kranz von Blütenblättern geformt; sie spielten keine große Rolle und störten niemanden.

Sie leuchteten eines Morgens im Grase auf und erloschen am Abend.

Aber jene eine hatte eines Tages Wurzel geschlagen, aus einem Samen, weiß Gott woher,

und der kleine Prinz hatte diesen Sproß, der den andern Sprößlingen nicht glich, sehr genau überwacht.

 

Ça pouvait être un nouveau genre de baobab.

Mais l'arbuste cessa vite de croître, et commença de préparer une fleur.

Le petit prince, qui assistait à l'installation d'un bouton énorme, sentait bien qu'il en sortirait une apparition miraculeuse, mais la fleur n'en finissait pas de se préparer à être belle, à l'abri de sa chambre verte.

Das konnte eine neue Art Affenbrotbaum sein.

Aber der Strauch hörte bald auf zu wachsen und begann, eine Blüte anzusetzen.

Der kleine Prinz, der der Entwicklung einer riesigen Knospe beiwohnte, fühlte wohl, es müsse eine wunderbare Erscheinung aus ihr hervorgehen, aber die Blume wurde nicht fertig damit, sich in ihrer grünen Kammer auf ihre Schönheit vorzubereiten.

 

Elle choisissait avec soin ses couleurs.

Elle s'habillait lentement, elle ajustait un à un ses pétales.

Elle ne voulait pas sortir toute fripée comme les coquelicots.

Elle ne voulait apparaître que dans le plein rayonnement de sa beauté. Eh! oui. Elle était très coquette!

Sa toilette mystérieuse avait donc duré des jours et des jours.

Et puis voici qu'un matin, justement à l'heure du lever du soleil, elle s'était montrée.

Sie wählte ihre Farben mit Sorgfalt, sie zog sich langsam an,

sie ordnete ihre Blütenblätter eins nach dem andern.

Sie wollte nicht wie die Mohnblüten ganz zerknittert herauskommen.

Sie wollte nicht früher erscheinen als im vollen Ornat ihrer Schönheit. Nun ja! sie wollte gefallen.

Ihre geheimnisvolle Toilette hatte also Tage und Tage gedauert.

Und dann, eines Morgens, gerade zur Stunde des Sonnenaufganges, hatte sie sich enthüllt.

 

Et elle, qui avait travaillé avec tant de précision, dit en bâillant:

-Ah! Je me réveille à peine...Je vous demande pardon...Je suis encore toute décoiffée...

Le petit prince, alors, ne put contenir son admiration:

-Que vous êtes belle!

-N'est-ce pas, répondit doucement la fleur. Et je suis née en même temps que le soleil...

Und die, die mit solcher Genauigkeit gearbeitet hatte, sagte gähnend:

»Ach! ich bin kaum aufgewacht... Ich bitte um Verzeihung... Ich bin noch ganz zerrauft...«

Da konnte der kleine Prinz seine Bewunderung nicht mehr verhalten:

»Wie schön Sie sind!«

»Nicht wahr?« antwortete sanft die Blume. »Und ich bin zugleich mit der Sonne geboren...«

 

Le petit prince devina bien qu'elle n'était pas trop modeste, mais elle était si émouvante!

-C'est l'heure, je crois, du petit déjeuner, avait-elle bientôt ajouté, auriez-vous la bonté de penser à moi...

Et le petit prince, tout confus, ayant été chercher un arrosoir d'eau fraîche, avait servi la fleur.

Der kleine Prinz erriet wohl, daß sie nicht allzu bescheiden war, aber sie war so rührend!

»Ich glaube, es ist Zeit zum Frühstücken«, hatte sie bald hinzugefügt, »hätten Sie die Güte, an mich zu denken?

Und völlig verwirrt hatte der kleine Prinz eine Gießkanne mit frischem Wasser geholt und die Blume bedient.

 

Ainsi l'avait-elle bien vite tourmenté par sa vanité un peu ombrageuse.

Un jour, par exemple, parlant de ses quatre épines, elle avait dit au petit prince:(empfindlich)

-Ils peuvent venir, les tigres, avec leurs griffes!

-Il n'y a pas de tigres sur ma planète, avait objecté le petit prince, et puis les tigres ne mangent pas l'herbe.

-Je ne suis pas une herbe, avait doucement répondu la fleur.

So hatte sie ihn sehr bald schon mit ihrer etwas scheuen Eitelkeit gequält.

Eines Tages zum Beispiel, als sie von ihren vier Dornen sprach, hatte sie zum kleinen Prinzen gesagt:

»Sie sollen nur kommen, die Tiger, mit ihren Krallen!«

»Es gibt keine Tiger auf meinem Planeten«, hatte der kleine Prinz eingewendet, »und die Tiger fressen auch kein Gras.«

»Ich bin kein Gras«, hatte die Blume sanft geantwortet.

 

-Pardonnez-moi...

-Je ne crains rien des tigres, mais j'ai horreur des courants d'air. Vous n'auriez pas un paravent?

"Horreur des courants d'air...ce n'est pas de chance, pour une plante, avait remarqué le petit prince.

Cette fleur est bien compliquée..."

-Le soir vous me mettrez sous un globe. Il fait très froid chez vous.

C'est mal installé. Là d'ou je viens...

»Verzeihen Sie mir...«

»Ich fürchte mich nicht vor den Tigern, aber mir graut vor der Zugluft. Hätten Sie keinen Wandschirm?«

Grauen vor Zugluft?... Das sind schlechte Aussichten für eine Pflanze, hatte der kleine Prinz festgestellt.

Diese Blume ist recht schwierig...

»Am Abend werden Sie mich unter einen Glassturz stellen. Es ist sehr kalt bei Ihnen.

Das ist schlecht eingerichtet. Da, wo ich herkomme...«

 

Mais elle s'était interrompue.

Elle était venue sous forme de graine. Elle n'avait rien pu connaître des autres mondes.

Humiliée de s'être laissé surprendre à préparer un mensonge aussi naïf, elle avait toussé deux ou trois fois, pour mettre le petit prince dans son tort:

Aber sie hatte sich unterbrochen.

Sie war in Form eines Samenkorns gekommen. Sie hatte nichts von den anderen Welten wissen können.

Beschämt, sich bei einer so einfältigen Lüge ertappen zu lassen, hatte sie zwei- oder dreimal gehustet, um den kleinen Prinzen ins Unrecht zu setzen:

 

-Ce paravent?...

-J'allais le chercher mais vous me parliez!

Alors elle avait forcé sa toux pour lui infliger quand même des remords.

Ainsi le petit prince, malgré la bonne volonté de son amour, avait vite douté d'elle. Il avait pris au sérieux des mots sans importance, et il est devenu très malheureux.

»Der Wandschirm...?«

»Ich wollte ihn gerade holen, aber Sie sprachen mit mir!«

Dann hatte sie sich neuerlich zu ihrem Husten gezwungen, um ihm trotzdem Gewissensbisse aufzunötigen.

So hatte der kleine Prinz trotz des guten Willens seiner Liebe rasch an ihr zu zweifeln begonnen, ihre belanglosen Worte bitter ernst genommen und war sehr unglücklich geworden.

 

(점점 성의가 없어져가네. 정확도가 떨어지고, 대충 의역으로....)

"J'aurais dû ne pas l'écouter, me confia-t-il un jour,

il ne faut jamais écouter les fleurs. Il faut les regarder et les respirer.

La mienne embaumait ma planète, mais je ne savais pas m'en réjouir.

Cette histoire de griffes, qui m'avait tellement agacé, eût dû m'attendrir..."

»Ich hätte nicht auf die hören sollen«, gestand er mir eines Tages.

»Man darf den Blumen nicht zuhören, man muß sie anschauen und einatmen.

Die meine erfüllte den Planeten mit Duft, aber ich konnte seiner nicht froh werden.

Diese Geschichte mit den Krallen, die mich so gereizt hat, hätte mich rühren sollen.«

 

Il me confia encore:

"Je n'ai alors rien su comprendre!

J'aurais dû la juger sur les actes et non sur les mots.

Elle m'embaumait et m'éclairait. Je n'aurais jamais dû m'enfuir!

J'aurais dû deviner sa tendresse derrière ses pauvres ruses.

Les fleurs sont si contradictoires! Mais j'étais trop jeune pour savoir l'aimer."

Er vertraute mir noch an:

»Ich habe das damals nicht verstehen können!

Ich hätte sie nach ihrem Tun und nicht nach ihren Worten beurteilen sollen.

Sie duftete und glühte für mich. Ich hätte niemals fliehen sollen!

Ich hätte hinter all den armseligen Schlichen Ihre Zärtlichkeit erraten sollen.

Die Blumen sind so widerspruchsvoll! Aber ich war zu jung, um sie lieben zu können.«

 

CHAPITRE IX

 

Je crois qu'il profita, pour son évasion, d'une migration d'oiseaux sauvages.

Au matin du départ il mit sa planète bien en ordre.

Il ramona soigneusement ses volcans en activité.

Il possédait deux volcans en activité. Et c'était bien commode pour faire chauffer le petit déjeuner du matin.

Il possédait aussi un volcan éteint. Mais, comme il disait, on ne sait jamais!" Il ramona donc également le volcan éteint.

S'ils sont bien ramonés, les volcans brûlent doucement et régulièrement, sans éruptions.

Les éruptions volcaniques sont comme des feux de cheminée.

Evidemment sur notre terre nous sommes beaucoup trop petits pour ramoner nos volcans.

C'est pourquoi ils nous causent tant d'ennuis.

Ich glaube, daß er zu seiner Flucht einen Zug wilder Vögel benutzt hat.

Am Morgen seiner Abreise brachte er seinen Planeten schön in Ordnung.

Sorgfältig fegte er seine tätigen Vulkane.

Er besaß zwei tätige Vulkane, das war sehr praktisch zum Frühstückkochen.

Er besaß auch einen erloschenen Vulkan. Da er sich aber sagte: Man kann nie wissen! fegte er auch den erloschenen Vulkan.

Wenn sie gut gefegt werden, brennen die Vulkane sanft und regelmäßig, ohne Ausbrüche.

Die Ausbrüche der Vulkane sind nichts weiter als Kaminbrände.

Es ist klar: Wir auf unserer Erde sind viel zu klein, um unsere Vulkane zu kehren.

Deshalb machen sie uns so viel Verdruß.

 

Le petit prince arracha aussi, avec un peu de mélancolie, les dernières pousses de baobabs.

Il croyait ne plus jamais devoir revenir.

Mais tout ces travaux familiers lui parurent, ce matin-là, extrêmement doux.

Et, quand il arrosa une dernière fois la fleur, et se prépara à la mettre à l'abri sous son globe, il se découvrit l'envie de pleurer.

Der kleine Prinz riß auch ein bißchen schwermütig die letzten Triebe des Affenbrotbaumes aus.

Er glaubte nicht, daß er jemals zurückkehren müsse.

Aber alle diese vertrauten Arbeiten erschienen ihm an diesem Morgen ungemein süß.

Und, als er die Blume zum letztenmal begoß und sich anschickte, sie unter den Schutz der Glasglocke zu stellen, entdeckte er in sich das Bedürfnis zu weinen.

 

-Adieu, dit-il à la fleur.

Mais elle ne lui répondit pas.

-Adieu, répéta-t-il.

La fleur toussa. Mais ce n'était pas à cause de son rhume.

-J'ai été sotte, lui dit-elle enfin. Je te demande pardon. Tâche d'être heureux.

Il fut surpris par l'absence de reproches.

Il restait là tout déconcentré, le globe en l'air. Il ne comprenait pas cette douceur calme.

»Adieu«, sagte er zur Blume.

Aber sie antwortete ihm nicht.

»Adieu«, wiederholte er.

Die Blume hustete. Aber das kam nicht von der Erkältung.

»Ich bin dumm gewesen«, sagte sie endlich zu ihm. »Ich bitte dich um Verzeihung. Versuche, glücklich zu sein.«

Es überraschte ihn, daß die Vorwürfe ausblieben.

Er stand ganz fassungslos da, mit der Glasglocke in der Hand. Er verstand diese stille Sanftmut nicht.

 

-Mais oui, je t'aime, lui dit la fleur.

Tu n'en a rien su, par ma faute. Cela n'a aucune importance.

Mais tu as été aussi sot que moi. Tâche d'être heureux...

Laisse ce globe tranquille. Je n'en veux plus.

-Mais le vent...

-Je ne suis pas si enrhumée que ça...L'air frais de la nuit me fera du bien. Je suis une fleur.

-Mais les bêtes...

»Aber ja, ich liebe dich«, sagte die Blume.

»Du hast nichts davon gewußt. Das ist meine Schuld. Es ist ganz unwichtig.

Aber du warst ebenso dumm wie ich. Versuche, glücklich zu sein...

Laß diese Glasglocke liegen! Ich will sie nicht mehr...«

»Aber der Wind...«

»Ich bin nicht so stark erkältet, daß... Die frische Nachtluft wird mir gut tun. Ich bin eine Blume.«

»Aber die Tiere...«

 

-Il faut bien que je supporte deux ou trois chenilles si je veux connaître les papillons.

Il paraît que c'est tellement beau. Sinon qui me rendra visite?

Tu seras loin, toi. Quant aux grosses bêtes, je ne crains rien. J'ai mes griffes.

Et elle montrait naïvement ses quatre épines. Puis elle ajouta:

-Ne traîne pas comme ça, c'est agaçant. Tu as décidé de partir. Va-t'en.

Car elle ne voulait pas qu'il la vît pleurer. C'était une fleur tellement orgueilleuse...

»Ich muß wohl zwei oder drei Raupen aushalten, wenn ich die Schmetterlinge kennenlernen will.

Auch das scheint sehr schön zu sein. Wer wird mich sonst besuchen?

Du wirst ja weit weg sein. Was aber die großen Tiere angeht, so fürchte ich mich nicht. Ich habe meine Krallen.«

Und sie zeigt treuherzig ihre vier Dornen. Dann fügte sie noch hinzu:

»Zieh es nicht so in die Länge, das ist ärgerlich. Du hast dich entschlossen zu reisen. So geh!«

Denn sie wollte nicht, daß er sie weinen sähe. Es war eine so stolze Blume.

 

CHAPITRE X

 

Il se trouvait dans la région des astéroïdes 325, 326, 327, 328, 329 et 330.

Il commença donc par les visiter pour y chercher une occupation et pour s'instruire.

Er befand sich in der Region der Asteroiden 325, 326, 327, 328, 329 und 330.

Er begann also, sie zu besuchen, um sich zu beschäftigen und um sich zu bilden.

 

La première était habitée par un roi.

Le roi siégeait, habillé de pourpre et d'hermine, sur un trône très simple et cependant majestueux.

-Ah! Voilà un sujet, s'écria le roi quand il aperçut le petit prince.

Et le petit prince se demanda:

-Comment peut-il me connaître puisqu'il ne m'a encore jamais vu!

Auf dem ersten wohnte ein König.

Der König thronte in Purpur und Hermelin auf einem sehr einfachen und dabei sehr königlichen Thron.

»Ah! Sieh da, ein Untertan«, rief der König, als er den kleinen Prinzen sah.

Und der kleine Prinz fragte sich:

Wie kann er mich kennen, da er mich noch nie gesehen hat!

 

Il ne savait pas que, pour les rois, le monde est très simplifié. Tous les hommes sont des sujets.

-Approche-toi que je te voie mieux, lui dit le roi qui était tout fier d'être roi pour quelqu'un.

Le petit prince chercha des yeux où s'asseoir, mais la planète était toute encombrée par le magnifique manteau d'hermine.

Il resta donc debout, et, comme il était fatigué, il bâilla.

Er wußte nicht, daß für die Könige die Welt etwas höchst Einfaches ist: Alle Menschen sind Untertanen.

»Komm naher, daß ich dich besser sehe«, sagte der König und war ganz stolz, daß er endlich für jemanden König war.

Der kleine Prinz schaute sich nach einer Sitzgelegenheit um, aber der ganze Planet war bedeckt von dem herrlichen Hermelinmantel.

Er blieb also stehen, und da er müde war, gähnte er.

 

-Il est contraire à l'étiquette de bâiller en présence d'un roi, lui dit le monarque. Je te l'interdis.

-Je ne peux pas m'en empêcher, répondit le petit prince tout confus.

J'ai fait un long voyage et je n'ai pas dormi...

-Alors, lui dit le roi, je t'ordonne de bâiller.

Je n'ai vu personne bâiller depuis des années. Les bâillements sont pour moi des curiosités.

Allons! bâille encore. C'est un ordre.

-Ça m'intimide...je ne peux plus...fit le petit prince tout rougissant.

Es verstößt gegen die Etikette, in Gegenwart eines Königs zu gähnen«, sagte der Monarch. »Ich verbiete es dir.«

»Ich kann es nicht unterdrücken«, antwortete der kleine Prinz ganz verwirrt.

»Ich habe eine weite Reise gemacht und habe nicht geschlafen...«

»Dann«, sagte der König, »befehle ich dir zu gähnen.

Ich habe seit Jahren niemanden gähnen sehen, das Gähnen ist für mich eine Seltenheit.

Los! gähne noch einmal! Es ist ein Befehl.«

»Das ängstigt mich, ich kann nicht mehr...«, stammelte der kleine Prinz und errötete.

 

-Hum! Hum! répondit le roi. Alors je...je t'ordonne tantôt de bâiller et tantôt de...

Il bredouillait un peu et paraissait vexé.

Car le roi tenait essentiellement à ce que son autorité fût respectée. Il ne tolérait pas le désobéissance.

C'était un monarque absolu. Mais comme il était très bon, il donnait des ordres raisonnables.

"Si j'ordonnais, disait-il couramment, si j'ordonnais à un général de se changer en oiseau de mer, et si le général n'obéissait pas, ce ne serait pas la faute du général. Ce serait ma faute."

»Hm, hm!« antwortete der König. »Also dann... befehle ich dir, bald zu gähnen und bald...«

Er murmelte ein bißchen und schien verärgert.

Denn der König hielt in hohem Maße darauf, daß man seine Autorität respektiere. Er duldete keinen Ungehorsam.

Er war ein absoluter Monarch. Aber da er sehr gütig war, gab er vernünftige Befehle.

»Wenn ich geböte«, pflegte er zu sagen, »wenn ich einem General geböte, sich in einen Seevogel zu verwandeln, und wenn dieser General nicht gehorchte, es wäre nicht die Schuld des Generals. Es wäre meine Schuld.«

 

-Puis-je m'asseoir? s'enquit timidement le petit prince.

-Je t'ordonne de t'asseoir, lui répondit le roi, qui ramena majestueusement un pan de son manteau d'hermine.

Mais le petit prince s'étonnait. La planète était minuscule. Sur quoi le roi pouvait-il bien régner?

-Sire, lui dit-il...je vous demande pardon de vous interroger...

-Je t'ordonne de m'interroger, se hâta de dire le roi.

»Darf ich mich setzen?« fragte schüchtern der kleine Prinz.

»Ich befehle dir, dich zu setzen«, antwortete der König und zog einen Zipfel seines Hermelinmantels majestätisch an sich heran.

Aber der kleine Prinz staunte. Der Planet war winzig klein. Worüber konnte der König wohl herrschen?

»Herr«, sagte er zu ihm... »ich bitte, verzeiht mir, daß ich Euch frage...«

»Ich befehle dir, mich zu fragen«, beeilte sich der König zu sagen.

 

-Sire...sur quoi régnez-vous?

-Sur tout, répondit le roi, avec une grande simplicité.

-Sur tout?

Le roi d'un geste discret désigna sa planète, les autres planètes et les étoiles.

-Sur tout ça? dit le petit prince.

-Sur tout ça...répondit le roi.

Car non seulement c'était un monarque absolu mais c'était un monarque universel.

»Herr... worüber herrscht Ihr?«

Über alles«, antwortete der König mit großer Einfachheit.

»Über alles?«

Der König wies mit einer bedeutsamen Gebärde auf seinen Planeten, auf die anderen Planeten und auf die Sterne.

»Über all das?« sagte der kleine Prinz.

»Über all das...«, antwortete der König.

Denn er war nicht nur ein absoluter Monarch, sondern ein universeller.

 

-Et les étoiles vous obéissent?

-Bien sûr, lui dit le roi. Elles obéissent aussitôt. Je ne tolère pas l'indiscipline.

Un tel pouvoir émerveilla le petit prince.

S'il l'avait détenu lui-même, il aurait pu assister, non pas à quarante-quatre, mais à soixante-douze, ou même à cent, ou même à deux cents couchers de soleil dans la même journée, sans avoir jamais à tirer sa chaise!

»Und die Sterne gehorchen Euch?«

»Gewiß«, sagte der König. »sie gehorchen aufs Wort. Ich dulde keinen Ungehorsam.«

Solche Macht verwunderte den kleinen Prinzen sehr.

Wenn er sie selbst gehabt hätte, wäre es ihm möglich gewesen, nicht vierundvierzig, sondern zweiundsiebzig oder sogar hundert oder selbst zweihundert Sonnenuntergängen an ein und demselben Tage beizuwohnen, ohne daß er seinen Sessel hätte rücken müssen.

 

Et comme il se sentait un peu triste à cause du souvenir de sa petite planète abandonnée, il s'enhardit à solliciter une grâce du roi:

-Je voudrais voir un coucher de soleil...Faites-moi plaisir... Ordonnez au soleil de se coucher...

-Si j'ordonnais à un général de voler une fleur à l'autre à la façon d'un papillon, ou d'écrire une tragédie, ou de se changer en oiseau de mer, et si le général n'exécutait pas l'ordre reçu, qui, de lui ou de moi, serait dans son tort?

-Ce serait vous, dit fermement le petit prince.

Und da er sich in der Erinnerung an seinen kleinen verlassenen Planeten ein bißchen traurig fühlte, faßte er sich ein Herz und bat den König um eine Gnade:

»Ich möchte einen Sonnenuntergang sehen... Machen Sie mir die Freude... Befehlen Sie der Sonne unterzugehen...«

»Wenn ich einem General geböte, nach der Art der Schmetterlinge von einer Blume zu andern zu fliegen oder eine Tragödie zu schreiben oder sich in einen Seevogel zu verwandeln, und wenn dieser General den erhaltenen Befehl nicht ausführte, wer wäre im Unrecht, er oder ich?«

»Sie wären es«, sagte der kleine Prinz überzeugt.

 

-Exact. Il faut exiger de chacun ce que chacun peut donner, reprit le roi.

L'autorité repose d'abord sur la raison. Si tu ordonnes à ton peuple d'aller se jeter à la mer, il fera la révolution. J'ai le droit d'exiger l'obéissance parce que mes ordres sont raisonnables.

-Alors mon coucher de soleil? rappela le petit prince qui jamais n'oubliait une question une fois qu'il l'avait posée.

-Ton coucher de soleil, tu l'auras. Je l'exigerai. Mais j'attendrai, dans ma science du gouvernement, que les conditions soient favorables.

»Richtig. Man muß von jedem fordern, was er leisten kann«, antwortete der König.

»Die Autorität beruht vor allem auf der Vernunft. Wenn du deinem Volke befiehlst, zu marschieren und sich ins Meer zu stürzen, wird es revoltieren. Ich habe das Recht, Gehorsam zu fordern, weil meine Befehl vernünftig sind.«

»Was ist also mit meinem Sonnenuntergang?« erinnerte der kleine Prinz, der niemals eine Frage vergaß, wenn er sie einmal gestellt hatte.

»Deinen Sonnenuntergang wirst du haben. Ich werde ihn befehlen. Aber in meiner Herrscherweisheit werde ich warten, bis die Bedingungen dafür günstig sind.«

 

-Quand ça sera-t-il? s'informa le petit prince.

-Hem! Hem! lui répondit le roi, qui consulta d'abord un gros calendrier, hem! hem! ce sera, vers...vers...ce sera ce soir vers sept heures quarante! Et tu verras comme je suis bien obéi.

Le petit prince bâilla. Il regrettait son coucher de soleil manqué. Et puis il s'ennuyait déjà un peu:

-Je n'ai plus rien à faire ici, dit-il au roi. Je vais repartir!

»Wann wird das sein?« erkundigte sich der kleine Prinz.

»Hm, hm!« antwortete der König, der zunächst einen großen Kalender studierte, »hm, hm! Das wir sein gegen... gegen... das wird heute abend gegen sieben Uhr vierzig sein! Und du wirst sehen, wie man mir gehorcht.«

Der kleine Prinz gähnte. Es tat ihm leid um den versäumten Sonnenuntergang. Er langweilte sich schon ein bißchen.

»Ich habe hier nichts mehr zu tun«, sagte er zum König. »Ich werde wieder abreisen!«

 

-Ne pars pas, répondit le roi qui était si fier d'avoir un sujet. Ne pars pas, je te fais ministre!

-Ministre de quoi?

-De...de la justice!

-Mais il n'y a personne à juger!

-On ne sait pas, lui dit le roi.

Je n'ai pas fait encore le tour de mon royaume.

Je suis très vieux, je n'ai pas de place pour un carrosse, et ça me fatigue de marcher.

»Reise nicht ab«, antwortete der König, der so stolz war, einen Untertanen zu haben, »ich mache dich zum Minister!«

»Zu was für einem Minister?«

»Zum... zum Justizminister!«

»Aber es ist niemand da, über den man richten könnte!«

»Das weiß man nicht«, sagte der König.

»Ich habe die Runde um mein Königreich noch nicht gemacht.

Ich bin sehr alt, ich habe keine Platz für einen Wagen und das Gehen macht mich müde.«

 

-Oh! Mais j'ai déjà vu, dit le petit prince

qui se pencha pour jeter encore un coup d'oeil sur l'autre côté de la planète.

Il n'y a personne là-bas non plus...

-Tu te jugeras donc toi-même, lui répondit le roi. C'est le plus difficile.

Il est bien plus difficile de se juger soi-même que de juger autrui.

Si tu réussis à bien te juger, c'est que tu es un véritable sage.

»Oh! Aber ich habe schon gesehen«, sagte der kleine Prinz,

der sich bückte, um einen Blick auf die andere Seite des Planeten zu werfen,

»es ist auch dort drüben niemand...«

»Du wirst also über dich selbst richten«, antwortete ihm der König.

»Das ist das Schwerste. Es ist viel schwerer, sich selbst zu verurteilen, als über andere zu richten.

Wenn es dir gelingt, über dich selbst gut zu Gericht zu sitzen, dann bist du ein wirklicher Weiser.«

 

-Moi, dit le petit prince, je puis me juger moi-même n'importe où. Je n'ai pas besoin d'habiter ici.

-Hem! Hem! dit le roi, je crois bien que sur ma planète il y a quelque part un vieux rat.

Je l'entends la nuit. Tu pourras juger ce vieux rat.

Tu le condamneras à mort de temps en temps. Ainsi sa vie dépendra de ta justice.

Mais tu le gracieras chaque fois pour économiser. Il n'y en a qu'un.

»Ich«, sagte der kleine Prinz, »ich kann über mich richten, wo immer ich bin. Dazu brauche ich nicht hier zu wohnen.«

»Hm, hm!« sagte der König, »ich glaube, daß es auf meinem Planeten irgendwo eine alte Ratte gibt.

Ich höre sie in der Nacht. Du könntest Richter über dies alte Ratte sein.

Du wirst sie von Zeit zu Zeit zum Tode verurteilen. So wird ihr Leben von deiner Rechtsprechung abhängen.

Aber du wirst sie jedesmal begnadigen, um sie aufzusparen. Es gibt nur eine.«

 

-Moi, répondit le petit prince, je n'aime pas condamner à mort, et je crois bien que je m'en vais.

-Non, dit le roi.

Mais le petit prince, ayant achevé ses préparatifs, ne voulut point peiner le vieux monarque:

-Si votre majesté désirait être obéie ponctuellement, elle pourrait me donner un ordre raisonnable.

Elle pourrait m'ordonner, par exemple, de partir avant une minute.

Il me semble que les conditions sont favorables...

Le roi n'ayant rien répondu, le petit prince hésita d'abord, puis, avec un soupir, pris le départ.

-Je te fais mon ambassadeur, se hâta alors de crier le roi.

»Ich liebe es nicht, zum Tode zu verurteilen«, antwortete der kleine Prinz, »und ich glaube wohl, daß ich jetzt gehe.«

»Nein«, sagte der König.

Aber der kleine Prinz, der seine Vorbereitungen bereits getroffen hatte, wollte dem alten Monarchen nicht wehtun:

»Wenn Eure Majestät Wert auf pünktlichen Gehorsam legen, könnten Sie mir einen vernünftigen Befehl erteilen.

Sie könnten mir zum Beispiel befehlen, innerhalb eine Minute zu verschwinden.

Es scheint mir, daß die Umstände günstig sind...«

Da der König nichts erwiderte, zögerte der kleine Prinz zuerst, dann brach er mit einem Seufzer auf.

»Ich mache dich zu meinem Gesandten«, beeilte sich der König, ihm nachzurufen.

 

Il avait un grand air d'autorité.

Les grandes personnes sont bien étranges, se dit le petit prince, en lui même, durant son voyage.

Er gab sich den Anschein großer Autorität.

Die großen Leute sind sehr sonderbar, sagte sich der kleine Prinz auf seiner Reise.

 

CHAPITRE XI

 

La seconde planète était habitée par un vaniteux:

-Ah! Ah! Voilà la visite d'un admirateur!

s'écria de loin le vaniteux dès qu'il aperçut le petit prince.

Car, pour les vaniteux, les autres hommes sont des admirateurs.

-Bonjour, dit le petit prince. Vous avez un drôle de chapeau.

-C'est pour saluer, lui répondit le vaniteux. C'est pour saluer quand on m'acclame.

Malheureusement il ne passe jamais personne par ici.

Der zweite Planet war von einem Eitlen bewohnt.

»Ah, ah, schau, schau, ein Bewunderer kommt zu Besuch!«

rief der Eitle von weitem, sobald er des kleinen Prinzen ansichtig wurde.

Denn für die Eitlen sind die anderen Leute Bewunderer.

»Guten Tag«, sagte der kleine Prinz. »Sie haben einen spaßigen Hut auf.«

»Der ist zum Grüßen«, antwortete ihm der Eitle. »Er ist zum Grüßen, wenn man mir zujauchzt.

Unglücklicherweise kommt hier niemand vorbei.«

 

-Ah oui? dit le petit prince qui ne comprit pas.

-Frappe tes mains l'une contre l'autre, conseilla donc le vaniteux.

Le petit prince frappa ses mains l'une contre l'autre. Le vaniteux salua modestement en soulevant son chapeau.

-Ça c'est plus amusant que la visite du roi, se dit en lui même le petit prince.

Et il recommença de frapper ses mains l'une contre l'autre.

Le vaniteux recommença de saluer en soulevant son chapeau.

»Ach ja?« sagte der kleine Prinz, der nichts davon begriff.

Schlag deine Hände zusammen«, empfahl ihm der Eitle.

Der kleine Prinz schlug seine Hände gegeneinander. Der Eitle grüßte bescheiden, indem er seinen Hut lüftete.

Das ist unterhaltender als der Besuch beim König, sagte sich der kleine Prinz.

Und er begann von neuem die Hände zusammenzuschlagen.

Der Eitle wieder fuhr fort, seinen Hut grüßend zu lüften.

 

Après cinq minutes d'exercice le petit prince se fatigua de la monotonie du jeu:

-Et, pour que le chapeau tombe, demanda-t-il, que faut-il faire?

Mais le vaniteux ne l'entendit pas. Les vaniteux n'entendent jamais que des louanges.

-Est-ce que tu m'admires vraiment beaucoup? demanda-t-il au petit prince.

-Qu'est-ce que signifie admirer?

-Admirer signifie reconnaître que je suis l'homme le plus beau, le mieux habillé, le plus riche et le plus intelligent de la planète.

Nach fünf Minuten wurde der kleine Prinz der Eintönigkeit dieses Spieles überdrüssig:

»Und was muß man tun«, fragte er, »damit der Hut herunterfällt?«

Aber der Eitle hörte ihn nicht. Die Eitlen hören immer nur die Lobreden.

»Bewunderst du mich wirklich sehr?« fragte er den kleinen Prinzen.

»Was heißt bewundern?«

»Bewundern heißt erkennen, daß ich der schönste, der bestangezogene, der reichste und der intelligenteste Mensch des Planeten bin.«

 

-Mais tu es seul sur ta planète!

-Fais-moi ce plaisir. Admire-moi quand-même!

-Je t'admire, dit le petit prince, en haussant un peu les épaules, mais en quoi cela peut-il bien t'intéresser?

Et le petit prince s'en fut.

Les grandes personnes sont décidément bien bizarres, se dit-il en lui-même durant son voyage.

»Mach mir die Freude, bewundere mich trotzdem!«

»Ich bewundere dich«, sagte der kleine Prinz, indem er ein bißchen die Schultern hob, »aber wozu nimmst du das wichtig?«

Und der kleine Prinz machte sich davon.

Die großen Leute sind entschieden sehr verwunderlich, stellte er auf seiner Reise fest.

 

CHAPITRE XII

 

La planète suivante était habitée par un buveur.

Cette visite fut très courte, mais elle plongea le petit prince dans une grande mélancolie:

-Que fais-tu là? dit-il au buveur, qu'il trouva installé en silence devant une collection de bouteilles vides et une collection de bouteilles pleines.

-Je bois, répondit le buveur, d'un air lugubre.

-Pourquoi bois-tu? lui demanda le petit prince.

Den nächsten Planeten bewohnte ein Säufer.

Dieser Besuch war sehr kurz, aber er tauchte den kleinen Prinzen in eine tiefe Schwermut.

»Was machst du da?« fragte er den Säufer, den er stumm vor einer Reihe leerer und einer Reihe voller Flaschen sitzend antraf.

»Ich trinke«, antwortete der Säufer mit düsterer Miene.

»Warum trinkst du?« fragte ihn der kleine Prinz.

 

-Pour oublier, répondit le buveur.

-Pour oublier quoi? s'enquit le petit prince qui déjà le plaignait.

-Pour oublier que j'ai honte, avoua le buveur en baissant la tête.

-Honte de quoi? s'informa le petit prince qui désirait le secourir.

-Honte de boire! acheva le buveur qui s'enferma définitivement dans le silence.

»Um zu vergessen«, antwortete der Säufer.

»Um was zu vergessen?« erkundigte sich der kleine Prinz, der ihn schon bedauerte.

»Um zu vergessen, daß ich mich schäme«, gestand der Säufer und senkte den Kopf.

»Weshalb schämst du dich?« fragte der kleine Prinz, der den Wunsch hatte, ihm zu helfen.

»Weil ich saufe!« endete der Säufer und verschloß sich endgültig in sein Schweigen.

 

Et le petit prince s'en fut, perplexe.

Les grandes personnes sont décidément très très bizarres, se disait-il en lui-même durant le voyage.

Und der kleine Prinz verschwand bestürzt.

Die großen Leute sind entschieden sehr, sehr wunderlich, sagte zu sich auf seiner Reise.

 

CHAPITRE XIII

 

La quatrième planète était celle du businessman.

Cet homme était si occupé qu'il ne leva même pas la tête à l'arrivée du petit prince.

-Bonjour, lui dit celui-ci. Votre cigarette est éteinte.

Der vierte Planet war der des Geschäftsmannes.

Dieser Mann war so beschäftigt, daß er bei der Ankunft der kleinen Prinzen nicht einmal den Kopf hob.

»Guten Tag«, sagte dieser zu ihm. »Ihre Zigarette ist ausgegangen.«

 

-Trois et deux font cinq. Cinq et sept douze. Douze et trois quinze. Bonjour.

Quinze et sept vingt-deux. Vingt-deux et six vingt-huit.

Pas de temps de la rallumer. Vingt-six et cinq trente et un. Ouf!

Ça fait donc cinq cent un millions six cent vingt-deux mille sept cent trente et un.

-Cinq cents millions de quoi?

»Drei und zwei ist fünf. Fünf und sieben ist zwölf. Zwölf und drei ist fünfzehn. Guten Tag.

Fünfzehn und sieben ist zweiundzwanzig. Zweiundzwanzig und sechs ist achtundzwanzig.

Keine Zeit, sie wieder anzuzünden. Sechsundzwanzig und fünf ist einunddreißig. Uff!

Das macht also fünfhunderteine Million, sechshundertzweiundzwanzigtausendsiebenhunderteinunddreißig.«

»Fünfhundert Millionen wovon?«

-Hein? Tu es toujours là?

Cinq cent un million de...je ne sais plus...J'ai tellement de travail!

Je suis sérieux, moi, je ne m'amuse pas à des balivernes! Deux et cinq sept...

-Cinq cent millions de quoi, répéta le petit prince qui jamais de sa vie, n'avait-il renoncé à une question, une fois qu'il l'avait posée.

»Wie? Du bist immer noch da?

Fünfhunderteine Million von... ich weiß nicht mehr... ich habe so viel Arbeit!

Ich bin ein ernsthafter Mann, ich gebe mich nicht mit Kindereien ab. Zwei und fünf ist sieben...«

»Fünfhunderteine Million wovon?« wiederholte der kleine Prinz, der niemals in seinem Leben auf eine Frage verzichtete, die er einmal gestellt hatte.

 

Le businessman leva la tête:

-Depuis cinquante-quatre ans que j'habite cette planète-ci, je n'ai été dérangé que trois fois.

La première fois ç'a été, il y a vingt-deux ans, par un hanneton qui était tombé Dieu sait d'où.

Il répandait un bruit épouvantable, et j'ai fait quatre erreurs dans une addition.

Der Geschäftsmann hob den Kopf.

»In den vierundfünfzig Jahren, die ich auf diesem Planeten wohne, bin ich nur dreimal gestört worden.

Das erstemal war es vor zweiundzwanzig Jahren ein Maikäfer, der von weiß Gott wo heruntergefallen war.

Er machte einen schrecklichen Lärm, und ich habe in einer Addition vier Fehler gemacht.

 

La seconde fois ç'à été, il y a onze ans, par une crise de rhumatisme.

Je suis sérieux, moi.

Das zweitemal, vor elf Jahren, war es ein Anfall von Rheumatismus.

Es fehlt mir an Bewegung. Ich habe nicht Zeit, herumzubummeln. Ich bin ein ernsthafter Mann.

 

La troisième fois...la voici! Je disais donc cinq cent un millions...

-Millions de quoi?

Le businessman comprit qu'il n'était point d'espoir de paix:

-Millions de ces petites choses que l'on voit quelquefois dans le ciel.

-Des mouches?

Und das ist nun das drittemal! Ich sagte also, fünfhunderteine Million...«

»Millionen wovon?«

Der Geschäftsmann begriff, daß es keine Aussicht auf Frieden gab:

»Millionen von diesen kleinen Dingern, die man manchmal am Himmel sieht.«

»Fliegen?«

 

-Mais non, des petites choses qui brillent.

-Des abeilles?

-Mais non. Des petites choses dorées qui font rêvasser les fainéants.

Mais je suis sérieux, moi! Je n'ai pas le temps de rêvasser.

-Ah! des étoiles?

»Aber nein, kleine Dinger, die glänzen.«

»Bienen?«

»Aber nein. Kleine goldene Dinger, von denen die Nichtstuer träumerisch werden.

Ich bin ein ernsthafter Mann. Ich habe nicht Zeit zu Träumereien.«

»Ach, die Sterne?«

 

-C'est bien ça. Des étoiles.

-Et que fais-tu des cinq cent millions d'étoiles?

-Cinq cent un millions six cent vingt-deux mille sept cent trente et un.

Je suis un homme sérieux, moi, je suis précis.

-Et que fais-tu de ces étoiles?

-Ce que j'en fais?

-Oui.

-Rien. Je les possède.

-Tu possèdes les étoiles?

-Oui.

»Dann sind es wohl die Sterne.«

»Und was machst du mit fünfhundert Millionen Sternen?«

»Fünfhunderteine Million sechshundertzweiundzwanzigtausensiebenhunderteinunddreißig.

Ich bin ein ernsthafter Mann, ich nehme es genau.«

»Und was machst du mit diesen Sternen?«

»Was ich damit mache?«

»Ja.«

»Nichts. Ich besitze sie.«

»Du besitzt die Sterne?«

»Ja.«

 

-Mais j'ai déjà vu un roi qui...

-Les rois ne possèdent pas. Ils "règnent" sur. C'est très différent.

-Et à quoi cela te sert-il de posséder les étoiles?

-Ça me sert à être riche.

-Et à quoi cela te sert-il d'être riche?

-A acheter d'autres étoiles, si quelqu'un en trouve.

»Aber ich habe schon einen König gesehen, der...«

»Könige besitzen nicht, sie 'regieren über'. Das ist etwas ganz anderes.«

»Und was hast du davon, die Sterne zu besitzen?«

»Das macht mich reich.«

»Und was hast du vom Reichsein?«

»Weitere Sterne kaufen, wenn jemand welche findet.«

 

Celui-là, se dit en lui-même le petit prince, il raisonne un peu comme mon ivrogne.

Cependant il posa encore des questions:

-Comment peut-on posséder les étoiles?

-A qui sont-elles? riposta, grincheux, le businessman.

Der da, sagte sich der kleine Prinz, denkt ein bißchen wie mein Säufer.

Indessen stellte er noch weitere Fragen:

»Wie kann man die Sterne besitzen?«

»Wem gehören sie?« erwiderte mürrisch der Geschäftsmann.

 

-Je ne sais pas. A personne.

-Alors elles sont à moi, car j'y ai pensé le premier.

-Ça suffit?

-Bien sûr. Quand tu trouves un diamant qui n'est à personne, il est à toi.

Quand tu trouves une île qui n'est à personne, elle est à toi.

Quand tu as une idée le premier, tu la fais breveter: elle est à toi.

Et moi je possède les étoiles, puisque jamais personne avant moi n'a songé à les posséder.

»Ich weiß nicht. Niemandem.«

»Dann gehören sie mir, ich habe als erster daran gedacht.«

»Das genügt?«

»Gewiß. Wenn du einen Diamanten findest, der niemandem gehört, dann ist er dein.

Wenn du eine Insel findest, die niemandem gehört, so ist sie dein.

Wenn du als erster einen Einfall hast und du läßt ihn patentieren, so ist er dein.

Und ich, ich besitze die Sterne, da niemand vor mir daran gedacht hat, sie zu besitzen.«

 

-Ça c'est vrai, dit le petit prince. Et qu'en fais-tu?

-Je les gère. Je les compte et je les recompte, dit le businessman.

C'est difficile. Mais je suis un homme sérieux!

»Das ist wahr«, sagte der kleine Prinz. »Und was machst du damit?«

»Ich verwalte sie. Ich zähle sie und zähle sie wieder«, sagte der Geschäftsmann.

»Das ist nicht leicht. Aber ich bin ein ernsthafter Mann.«

 

Le petit prince n'était pas satisfait encore.

-Moi, si je possède un foulard, je puis le mettre autour de mon cou et l'emporter.

Moi, si je possède une fleur, je puis cueillir ma fleur et l'emporter.

Mais tu ne peux pas cueillir les étoiles!

-Non, mais je puis les placer en banque.

Der kleine Prinz war noch nicht zufrieden.

»Wenn ich eine Seidenschal habe, kann ich ihn um meinen Hals wickeln und mitnehmen.

Wenn ich eine Blume habe, kann ich meine Blume pflücken und mitnehmen.

Aber du kannst die Sterne nicht pflücken!«

»Nein, aber ich kann sie in die Bank legen.«

 

-Qu'est-ce que ça veut dire?

-Ça veut dire que j'écris sur un petit papier le nombre de mes étoiles.

Et puis j'enferme à clef ce papier-là dans un tiroir.

-Et c'est tout?

-Ça suffit!

»Was soll das heißen?«

»Das heißt, daß ich die Zahl meiner Sterne auf ein kleines Papier schreibe.

Und dann sperre ich diese Papiers in eine Schublade.«

»Und das ist alles?«

»Das genügt.«

 

C'est amusant, pensa le petit prince.

C'est assez poétique. Mais ce n'est pas très sérieux.

Le petit prince avait sur les choses sérieuses des idées très différentes des idées des grandes personnes.

-Moi, dit-il encore, je possède une fleur que j'arrose tous les jours.

Je possède trois volcans que je ramone toutes les semaines. Car je ramone aussi celui qui est éteint.

On ne sait jamais. C'est utile à mes volcans, et c'est aussi utile à ma fleur, que je les possède.

Mais tu n'est pas utile aux étoiles...

Das ist amüsant, dachte der kleine Prinz.

Es ist fast dichterisch. Aber es ist nicht ganz ernst zu nehmen.

Der kleine Prinz dachte über die ernsthaften Dinge völlig anders als die großen Leute.

»Ich«, sagte er noch, »ich besitze eine Blume, die ich jeden Tag begieße.

Ich besitze drei Vulkane, die ich jede Woche kehre. Denn ich kehre auch den erloschenen.

Man kann nie wissen. Es ist gut für meine Vulkane und gut für meine Blume, daß ich sie besitze.

Aber du bist für die Sterne zu nichts nütze...«

 

Le businessman ouvrit la bouche mais ne trouva rien à répondre, et le petit prince s'en fut.

Les grandes personnes sont décidément tout à fait extraordinaires, se disait-il en lui même durant son voyage.

Der Geschäftsmann öffnete den Mund, aber er fand keine Antwort, und der kleine Prinz verschwand.

Die großen Leute sind entschieden ganz ungewöhnlich, sagte er sich auf der Reise.

 

CHAPITRE XIV

 

La cinquième planète était très curieuse. C'était la plus petite de toutes.

Il y avait là juste assez de place pour loger un réverbère et un allumeur de réverbères.

Le petit prince ne parvenait pas à s'expliquer à quoi pouvaient servir, quelque part dans le ciel, sur une planète sans maison, ni population, un réverbère et un allumeur de réverbères. Cependant il se dit en lui-même:

Der fünfte Planet war sehr sonderbar. Er war der kleinste von allen.

Es war da gerade Platz genug für eine Straßenlaterne und einen Laternenanzünder.

Der kleine Prinz konnte sich nicht erklären, wozu man irgendwo im Himmel, auf einem Planeten ohne Haus und ohne Bewohner, eine Straßenlaterne und einen Laternenanzünder braucht. Doch sagte er sich:

 

- Peut-être bien que cette homme est absurde.

Cependant il est moins absurde que le roi, que le vaniteux, que le businessman et que le buveur.

Au moins son travail a-t-il un sens.

Quand il allume son réverbère, c'est comme s'il faisait naître une étoile de plus, ou une fleur.

Quand il éteint son réverbère ça endort la fleur ou l'étoile.

C'est une occupation très jolie. C'est véritablement utile puisque c'est joli.

Es kann ganz gut sein, daß dieser Mann ein bißchen verrückt ist.

Doch ist er weniger verrückt als der König, der Eitle, der Geschäftsmann und der Säufer.

Seine Arbeit hat wenigstens einen Sinn.

Wenn er seine Laterne anzündet, so ist es, als setze er einen neuen Stern in die Welt, oder eine Blume.

Wenn er seine Laterne auslöscht, so schlafen Stern oder Blume ein.

Das ist eine sehr hübsche Beschäftigung. Es ist auch wirklich nützlich, da es hübsch ist.

 

Lorsqu'il aborda la planète il salua respectueusement l'allumeur:

-Bonjour. Pourquoi viens-tu d'éteindre ton réverbère?

-C'est la consigne, répondit l'allumeur. Bonjour.

-Qu'est ce la consigne?

-C'est d'éteindre mon réverbère. Bonsoir.

Et il le ralluma.

-Mais pourquoi viens-tu de rallumer?

-C'est la consigne, répondit l'allumeur.

Als er auf dem Planeten ankam, grüßte er den Laternenanzünder ehrerbietig.

»Guten Tag. Warum hast Du Deine Laterne eben ausgelöscht?«

»Ich habe die Weisung«, antwortete der Anzünder. »Guten Tag.«

»Was ist das, die Weisung?«

»Die Weisung, meine Laterne auszulöschen. Guten Abend.«

Und er zündete sie wieder an.

»Aber warum hast Du sie soeben wieder angezündet?«

»Das ist die Weisung.«, antwortete der Anzünder.

 

-Je ne comprends pas, dit le petit prince.

-Il n'y a rien à comprendre, dit l'allumeur. La consigne c'est la consigne. Bonjour.

Et il éteignit son réverbère.

Puis il s'épongea le front avec un mouchoir à carreaux rouges.

-Je fais là un travail terrible. C'était raisonnable autrefois.

J'éteignais le matin et j'allumais le soir.

J'avais le reste du jour pour me reposer, et le reste de la nuit pour dormir...

»Ich verstehe nicht«, sagte der kleine Prinz.

»Da ist nichts zu verstehen« sagte der Anzünder. »Die Weisung ist eben die Weisung. Guten Tag.«

Und er löschte seine Laterne wieder aus.

Dann trocknete er sich die Stirn mit einem rotkarierten Taschentuch.

»Ich tue da einen schrecklichen Dienst. Früher ging es vernünftig zu.

Ich löschte am Morgen aus und zündete am Abend an.

Den Rest des Tages hatte ich zum Ausruhn und den Rest der Nacht zum Schlafen...«

 

-Et, depuis cette époque, la consigne à changé?

-La consigne n'a pas changé, dit l'allumeur. C'est bien là le drame!

la planète d'année en année a tourné de plus en plus vite, et la consigne n'a pas changé!

-Alors? dit le petit prince.

-Alors maintenant qu'elle fait un tour par minute, je n'ai plus un seconde de repos.

J'allume et j'éteins une fois par minute!

»Seit damals wurde die Weisung geändert?«

»Die Weisung wurde nicht geändert« sagte der Anzünder. »Das ist ja das Trauerspiel!

Der Planet hat sich von Jahr zu Jahr schneller und schneller gedreht und die Weisung ist die gleiche geblieben!«

»Und?«, sagte der kleine Prinz.

»Und jetzt, da er in der Minute eine Umdrehung macht, habe ich nicht mehr eine Sekunde Ruhe.

Jede Minute zünde ich einmal an, lösche ich einmal aus!«

 

-Ça c'est drôle! les jours chez toi durent une minute!

-Ce n'est pas drôle du tout, dit l'allumeur.

Ça fait déjà un mois que nous parlons ensemble.

-Un mois?

-Oui. Trente minutes. Trente jours! Bonsoir.

Et il ralluma son réverbère.

»Das ist drollig! Die Tage dauern bei dir eine Minute!«

»Das ist ganz und gar nicht drollig«, sagte der Anzünder.

»Das ist nun schon ein Monat, daß wir miteinander sprechen.«

»Ein Monat?«

»Ja, dreißig Minuten. Dreißig Tage! Guten Abend.«

Und er zündete seine Laterne wieder an.

 

Le petit prince le regarda et il aima cet allumeur qui était si fidèle à sa consigne.

Il se souvint des couchers de soleil que lui-même allait autrefois chercher, en tirant sa chaise.

Il voulut aider son ami:

-Tu sais...je connais un moyen de te reposer quand tu voudras...

-Je veux toujours, dit l'allumeur.

Car on peut être, à la fois, fidèle et paresseux.

Le petit prince poursuivit:

Der kleine Prinz sah ihm zu, und er liebte diesen Anzünder, der sich so treu an seine Weisung hielt.

Er erinnerte sich der Sonnenuntergänge, die er einmal gesucht hatte und um deretwillen er seinen Sessel rückte.

Er wollte seinem Freund beispringen:

»Weißt du ... ich kenne ein Mittel, wie du dich ausruhen könntest, wenn du wolltest...«

»Ich will immer«, sagte der Anzünder.

Denn man kann treu und faul zugleich sein. Der kleine Prinz fuhr fort:

 

-Ta planète est tellement petite que tu en fais le tour en trois enjambées.

Tu n'as qu'à marcher lentement pour rester toujours au soleil.

Quand tu voudras te reposer tu marcheras... et le jour durera aussi longtemps que tu voudras.

-Ça ne m'avance pas à grand chose, dit l'allumeur. Ce que j'aime dans la vie, c'est dormir.

»Dein Planet ist so klein, daß Du mit drei Sprüngen herumkommst.

Du mußt nur langsam genug gehen, um immer in der Sonne zu bleiben.

Willst Du dich ausruhen, dann gehst Du... und der Tag wird so lange dauern, wie Du willst.«

»Das hat nicht viel Witz«, sagte der Anzünder, »was ich im Leben liebe, ist der Schlaf.«

 

-Ce n'est pas de chance, dit le petit prince.

-Ce n'est pas de chance, dit l'allumeur. Bonjour.

Et il éteignit son réverbère.

Celui-là, se dit le petit prince, tandis qu'il poursuivait plus loin son voyage, celui-là serait méprisé par tous les autres, par le roi, par le vaniteux, par le buveur, par le businessman.

Cependant c'est le seul qui ne me paraisse pas ridicule.

C'est, peut-être, parce qu'il s'occupe d'autre chose que de soi-même.

»Dann ist es aussichtslos«, sagte der kleine Prinz.

»Aussichtslos«, sagte der Anzünder. »Guten Tag.«

Und er löschte seine Lampe aus.

Der, sagte sich der kleine Prinz, während er seine Reise fortsetzte, der wird von allen anderen verachtet werden, vom König, vom Eitlen, vom Säufer, vom Geschäftsmann.

Dabei ist er der einzige, den ich nicht lächerlich finde. Das kommt vielleicht daher, weil er sich mit anderen Dingen beschäftigt statt mit sich selbst.

 

Il eut un soupir de regret et se dit encore:

-Celui-là est le seul dont j'eusse pu faire mon ami.

Mais sa planète est vraiment trop petite. Il n'y a pas de place pour deux...

Ce que le petit prince n'osait pas s'avouer, c'est qu'il regrettait cette planète bénie à cause,

surtout, des mille quatre cent quarante couchers de soleil par vingt-quatre heures!

Er stieß einen Seufzer des Bedauerns aus und sagte sich noch:

Der ist der einzige, den ich zu meinem Freund hätte machen können.

Aber sein Planet ist wirklich zu klein. Es ist nicht viel Platz für zwei...

Was sich der kleine Prinz nicht einzugestehen wagte, war, daß er diesem gesegneten Planeten nachtrauerte,

besonders der tausendvierhundertvierzig Sonnenuntergänge wegen, in vierundzwanzig Stunden!

 

CHAPITRE XV

 

La sixième planète était une planète dix fois plus vaste.

Elle était habitée par un vieux Monsieur qui écrivait d'énormes livres.

-Tiens! voilà un explorateur! s'écria-t-il, quand il aperçut le petit prince.

Le petit prince s'assit sur la table et souffla un peu. Il avait déjà tant voyagé!

Der sechste Planet war zehnmal so groß.

Er war von einem alten Herrn bewohnt, der ungeheure Bücher schrieb.

»Da schau! Ein Forscher!« rief er, als er den kleinen Prinzen sah.

Der kleine Prinz setzte sich an den Tisch und verschnaufte ein wenig. Er war schon so viel gereist!

 

-D'où viens-tu? lui dit le vieux Monsieur.

-Quel est ce gros livre? dit le petit prince. Que faites-vous ici?

-Je suis géographe, dit le vieux Monsieur.

-Qu'est-ce un géographe?

»Woher kommst Du?« fragte ihn der alte Herr.

»Was ist das für ein dickes Buch?« sagte der kleine Prinz. »Was machen Sie da?«

»Ich bin Geograph«, sagte der alte Herr.

»Was ist das, ein Geograph?«

 

-C'est un savant qui connaît où se trouvent les mers, les fleuves, les villes, les montagnes et les déserts.

-Ça c'est bien intéressant, dit le petit prince. Ça c'est enfin un véritable métier!

Et il jeta un coup d'oeil autour de lui sur la planète du géographe.

Il n'avait jamais vu encore une planète aussi majestueuse.

»Das ist ein Gelehrter, der weiß, wo sich die Meere, die Ströme, die Städte, die Berge und die Wüsten befinden.«

»Das ist sehr interessant«, sagte der kleine Prinz. »Endlich ein richtiger Beruf!«

Und er warf einen Blick um sich auf den Planeten des Geographen.

Er hatte noch nie einen so majestätischen Planeten gesehen.

 

-Elle est bien belle, votre planète. Est-ce qu'il y a des océans?

-Je ne puis pas le savoir, dit le géographe.

-Ah! (Le petit prince était déçu.) Et des montagnes?

-Je ne puis pas le savoir, dit le géographe.

-Et des villes et des fleuves et des déserts?

-Je ne puis pas le savoir non plus, dit le géographe.

-Mais vous êtes géographe!

»Er ist sehr schön, Euer Planet. Gibt es da auch Ozeane?«

»Das kann ich nicht wissen«, sagte der Geograph.

»Ach!« Der kleine Prinz war enttäuscht. »Und Berge?«

»Das kann ich auch nicht wissen«, sagte der Geograph.

»Aber ihr seid Geograph! - Und Städte und Flüsse und Wüsten?«

»Auch das kann ich nicht wissen.«

»Aber ihr seid doch Geograph!«

 

-C'est exact, dit le géographe, mais je ne suis pas explorateur. Je manque absolument d'explorateurs.

Ce n'est pas le géographe qui va faire le compte des villes, des fleuves, des montagnes, des mers et des océans.

La géographe est trop important pour flâner. Il ne quitte pas son bureau.

Mais il reçoit les explorateurs. Il les interroge, et il prend note leurs souvenirs.

Et si les souvenirs de l'un d'entre eux lui paraissent intéressants, le géographe fait une enquête sur la moralité de l'explorateur.

»Richtig«, sagte der Geograph, »aber ich bin nicht Forscher. Es fehlt uns gänzlich an Forschern.

Nicht der Geograph geht die Städte, die Ströme, die Berge, die Meere, die Ozeane und die Wüsten zählen.

Der Geograph ist zu wichtig, um herumzustreunen. Er verläßt seinen Schreibtisch nicht.

Aber er empfängt die Forscher. Er befragt sie und schreibt sich ihre Eindrücke auf.

Und wenn ihm die Notizen eines Forschers beachtenswert erscheinen, läßt der Geograph über dessen Moralität eine amtliche Untersuchung anstellen.«

 

-Pourquoi ça?

-Parce qu'un explorateur qui mentait entraînerait des catastrophes dans les livres de géographie.

Et aussi un explorateur qui boirait trop.

-Pourquoi ça? fit le petit prince.

-Parce que les ivrognes voient double. Alors le géographe noterait deux montagnes, là où il n'y en a qu'un seule.

-Je connais quelqu'un, dit le petit prince, qui serait mauvais explorateur.

-C'est possible. Donc, quand la moralité de l'explorateur paraît bonne, on fait une enquête sur sa découverte.

»Warum das?«

»Weil ein Forscher, der lügt, in den Geographiebüchern Katastrophen herbeiführen würde.

Und auch ein Forscher, der zuviel trinkt.«

»Wie das?«, fragte der kleine Prinz.

»Weil die Säufer doppelt sehen. Der Geograph würde dann zwei Berge einzeichnen, wo nur ein einziger vorhanden ist.«

»Ich kenne einen«, sagte der kleine Prinz, »der wäre ein schlechter Forscher.«

»Das ist möglich. Doch wenn die Moralität des Forschers gut zu sein scheint, macht man eine Untersuchung über seine Entdeckung.«

 

-On va voir?

-Non. C'est trop compliqué. Mais on exige de l'explorateur qu'il fournisse de preuves.

Si'il s'agit par example de la découverte d'une grosse montagne, on exige qu'il en rapporte de grosses pierres.

Le géographe soudain s'émut.

-Mais toi, tu viens de loin! Tu es explorateur! Tu vas me décrire ta planète!

Et le géographe, ayant ouvert son registre, tailla son crayon.

On note d'abord au crayon les récits des explorateurs.

On attend, pour noter à l'encre, que l'explorateur ait fourni des preuves.

»Geht man nachsehen?«

»Nein. Das ist zu umständlich. Aber man verlangt vom Forscher, daß er Beweise liefert.

Wenn es sich zum Beispiel um die Entdeckung eines großen Berges handelt, verlangt man, daß er große Steine mitbringt.«

Plötzlich ereiferte sich der Geograph.

»Und du, du kommst von weit her! Du bist ein Forscher! Du wirst mir Deinen Planeten beschreiben!«

Und der Geograph schlug sein Registrierbuch auf und spitzte einen Bleistift.

Zuerst notiert man die Erzählungen der Forscher mit Bleistift.

Um sie mit Tinte aufzuschreiben, wartet man, bis der Forscher Beweise geliefert hat.>

 

-Alors? interrogea le géographe.

-Oh! chez moi, dit le petit prince, ce n'est pas très intéressant, c'est tout petit.

J'ai trois volcans. Deux volcans en activité, et un volcan éteint. Mais on ne sait jamais.

-On ne sait jamais, dit le géographe.

-J'ai aussi une fleur.

-Nous ne notons pas les fleurs, dit le géographe.

-Pourquoi ça! c'est pas joli!

»Nun?« fragte der Geograph.

»Oh, bei mir zu Hause«, sagte der kleine Prinz, »ist nicht viel los, da ist es ganz klein.

Ich habe drei Vulkane. Zwei Vulkane in Tätigkeit und einen erloschenen. Aber man kann nie wissen.«

»Man weiß nie«, sagte der Geograph.

»Ich habe auch eine Blume.«

»Wir schreiben Blumen nicht auf«, sagte der Geograph.

»Warum das? Sie sind das Schönste!«

 

-Parce que les fleurs sont éphémères.

-Qu'est ce que signifie: "éphémère"?

-Les géographies, dit le géographe, sont les livres les plus précieux de tous les livres. Elles ne se démodent jamais.

Il est rare qu'une montagne change de place. Il est très rare qu'un océan se vide de son eau.

Nous écrivons des choses éternelles.

»Weil Blumen vergänglich sind.«

»Was heißt 'vergänglich'?«

»Die Geographiebücher«, entgegnete der Geograph, »sind die wertvollsten von allen Büchern. Sie veralten nie.

Es ist sehr selten, daß ein Berg seinen Platz wechselt. Es ist sehr selten, daß ein Ozean seine Wasser ausleert.

Wir schreiben die ewigen Dinge auf.«

 

-Mais les volcans éteints peuvent se réveiller, interrompit le petit prince.

Qu'est -ce que signifie "éphémère"?

-Que les volcans soient éteints ou soient éveillés, ça revient au même pour nous autres, dit le géographe.

Ce qui compte pour nous, c'est la montagne. Elle ne change pas.

-Mais qu'est-ce que signifie "éphémère"? répéta le petit prince qui, de sa vie, n'avait renoncé à une question, une fois qu'il l'avait posée.

»Aber die erloschenen Vulkane können wieder aufwachen«, unterbrach der kleine Prinz.

»Was bedeutet 'vergänglich'?«

»Ob die Vulkane erloschen oder tätig sind, kommt für uns aufs gleiche hinaus«, sagte der Geograph.

»Was für uns zählt, ist der Berg. Er verändert sich nicht.«

»Aber was bedeutet 'vergänglich'?« wiederholte der kleine Prinz, der in seinem Leben noch nie auf eine einmal gestellte Frage verzichtet hatte.

 

-Ça signifie "qui est menacé de disparition prochaine".

-Ma fleur est menacée de disparition prochaine?

-Bien sûr.

Ma fleur est éphémère, se dit le petit prince, et elle n'a que quatre épines pour se défendre contre le monde! Et je l'ai laissée toute seule chez moi!

Ce fut là son premier mouvement de regret. Mais il reprit courage:

-Que me conseillez-vous d'aller visiter? demanda-t-il.

-La planète Terre, lui répondit le géographe. Elle a une bonne réputation...

Et le peti prince s'en fut, songeant à sa fleur.

»Das heißt 'von baldigem Entschwinden bedroht'.«

»Ist meine Blume von baldigem Entschwinden bedroht?«

»Gewiß.«

Meine Blume ist vergänglich, sagte sich der kleine Prinz, und sie hat nur vier Dornen, um sich gegen die Welt zu wehren! Und ich habe sie ganz allein zu Hause zurückgelassen!

Das war die erste Regung seiner Reue. Aber er faßte wieder Mut.

»Was raten Sie mir, wohin ich gehen soll?« fragte er.

»Auf den Planeten Erde«, antwortete der Geograph, »er hat einen guten Ruf...«

Und der kleine Prinz machte sich auf und dachte an seine Blume.

 

CHAPITRE XVI

 

La septième planète fut donc la Terre.

La Terre n'est pas une planète quelconque!

On y compte cent onze rois (en n'oubliant pas, bien sûr, les rois nègres),

sept mille géographes, neuf cent mille businessmen, sept millions et demi d'ivrognes,

trois cent deux ------- milliards de grandes personnes.

Der siebente Planet war also die Erde.

Die Erde ist nicht irgendein Planet!

Man zählt da hundertelf Könige, wenn man, wohlgemerkt, die Negerkönige nicht vergißt,

siebentausend Geographen, neunhunderttausend Geschäftsleute, siebeneinhalb Millionen Säufer,

dreihundertelf (Millionen Eitle, kurz - ungefähr zwei) Milliarden erwachsene Leute.

 

Pour vous donner une idée des dimensions de la Terre je vous dirai

qu'avant l'invention de l'électricité on y devait entretenir, sur l'ensemble des six continents, une véritable armée de quatre cent soixante-deux mille cinq cent onze allumeurs de réverbères.

Um euch einen Begriff von den Ausmaßen der Erde zu geben, muß ich euch sagen,

daß man vor der Erfindung der Elektrizität dort auf allen sechs Kontinenten zusammen eine ganze Armee von vierhundertzweiundsechzigtausendfünfhundertelf Laternenanzündern im Dienst hatte.

 

Vu d'un peu loin ça faisait un effet splendide.

Les mouvements de cette armée étaient réglés comme ceux d'un ballet d'opéra.

D'abord venait le tour des allumeurs de réverbères de Nouvelle-Zélande et d'Australie.

Puis ceux-ci, ayant allumé leurs lampions, s'en allaient dormir.

Alors entraient à leur tour dans la danse les allumeurs de réverbères de Chine et de Sibérie.

Puis eux aussi s'escamotaient dans les coulisses.

Alors venait le tour des allumeurs de réverbères de Russie et des Indes.

Puis de ceux d'Afrique et d'Europe. Puis de ceux d'Amérique de Sud. Puis de ceux d'Amérique de Nord.

Et jamais ils ne se trompaient dans leur ordre d'entrée en scène. C'était grandiose.

Von einiger Entfernung aus gesehen, wirkte das prächtig.

Die Bewegungen dieser Armee waren gedrillt, wie die eines Opernballetts.

Den Reigen begannen die Anzünder der neuseeländischen und australischen Laternen.

Hatten sie ihre Lampen angezündet, gingen sie schlafen.

Dann traten die Laternenanzünder von China und Sibirien zum Tanze an.

Auch sie verschwanden hinter den Kulissen.

Dann kamen die russischen und indischen Laternenanzünder an die Reihe.

Dann die von Afrika und Europa. Dann die von Südamerika. Dann die von Nordamerika.

Und niemals irrten sie sich in der Reihenfolge ihres Auftritts. Es war großartig.

 

Seuls, l'allumeur de l'unique réverbère de pôle Nord, et son confrère de l'unique réverbère du pôle Sud, menaient des vies d'oisiveté et de nonchalance: Ils travaillaient deux fois par an.

Nur der Anzünder der einzigen Laterne am Nordpol und sein Kollege von der einzigen Laterne am Südpol führten ein Leben voll Müßiggang und Gemütlichkeit: sie arbeiteten zweimal im Jahr.

 

CHAPITRE XVII

 

Quand on veut faire de l'esprit, il arrive que l'on mente un peu.

Je n'ai pas été très honnête en vous parlant des allumeurs de réverbères.

Je risque de donner une fausse idée de notre planète à ceux qui ne la connaissent pas.

Les hommes occupent très peu de place sur la terre.

Si les deux milliards d'habitants qui peuplent la terre se tenaient debout et un peu serrés,

comme pour un meeting, ils logeraient aisément sur une place publique de vingt milles de long sur vingt milles de large. on pourrait entasser l'humanité sur le moindre petit îlot du Pacifique.

Will man geistreich sein, dann kommt es vor, daß man ein bißchen aufschneidet.

Ich war nicht ganz aufrichtig, als ich euch von den Laternenanzündern erzählte.

Ich laufe Gefahr, denen, die unseren Planeten nicht kennen, ein falsches Bild von ihm zu geben.

Die Menschen benutzen nur sehr wenig Raum auf der Erde.

Wenn die zwei Milliarden Einwohner, die die Erde bevölkern, sich aufrecht und ein bißchen gedrängt hinstellten,

wie bei einer Volksversammlung etwa, kämen sie auf einem öffentlichen Platz von zwanzig Meilen Länge und zwanzig Meilen Breite leicht unter. Man könnte die Menschheit auf der geringsten kleinen Insel des Pazifischen Ozeans zusammenpferchen.

 

Les grandes personnes, bien sûr, ne vous croiront pas.

Elles s'imaginent tenir beaucoup de place. Elles se voient importantes comme les baobabs.

Vous leur conseillerez donc de faire le calcul. Elles adorent les chiffres: ça leur plaira.

Mais ne perdez pas votre temps à ce pensum. C'est inutile. Vous avez confiance en moi.

Die großen Leute werden Euch das freilich nicht glauben.

Sie bilden sich ein, viel Platz zu brauchen. Sie nehmen sich wichtig wie Affenbrotbäume.

Gebt ihnen also den Rat, sich's auszurechnen. Sie beten die Zahlen an, das wird ihnen gefallen.

Aber ihr sollt Eure Zeit nicht damit verlieren. Es ist zwecklos. Ihr habt Vertrauen zu mir.

 

Le petit prince, une fois sur terre, fut bien surpris de ne voir personne.

Il avait déjà peur de s'être trompé de planète, quand un anneau couleur de lune remua dans le sable.

-Bonne nuit, fit le petit prince à tout hasard.

-Bonne nuit fit le serpent.

-Sur quelle planète suis-je tombé? demanda le petit prince.

-Sur la Terre, en Afrique, répondit le serpent.

-Ah!...Il n'y a donc personne sur la Terre?

-Ici c'est le désert. Il n'y a personne dans les déserts. La Terre est grande, dit le serpent.

Einmal auf der Erde, wunderte sich der kleine Prinz, niemanden zu sehen.

Er fürchtete schon, sich im Planeten geirrt zu haben, als ein mondfarbener Ring sich im Sande bewegte.

»Gute Nacht«, sagte der kleine Prinz aufs Geratewohl.

»Gute Nacht«, sagte die Schlange.

»Auf welchen Planeten bin ich gefallen?« fragte der kleine Prinz.

»Auf die Erde, du bist in Afrika«, antwortete die Schlange.

»Ah! ... es ist also niemand auf der Erde?«

»Hier ist die Wüste. In den Wüsten ist niemand. Die Erde ist groß« sagte die Schlange.

 

Le petit prince s'assit sur une pierre et leva les yeux vers le ciel:

-Je me demande, dit-il, si les étoiles sont éclairées afin que chacun puisse un jour retrouver la sienne.

Regarde ma planète. Elle est juste au-dessus de nous... Mais comme elle est loin!

-Elle est belle, dit le serpent. Que viens-tu faire ici?

-J'ai des difficultés avec une fleur, dit le petit prince.

Der kleine Prinz setzte sich auf einen Stein und hob die Augen zum Himmel.

»Ich frage mich«, sagte er, »ob die Sterne leuchten, damit jeder eines Tages den seinen wiederfinden kann.

Schau meinen Planeten an. Er steht gerade über uns... Aber wie weit ist er fort!«

»Er ist schön«, sagte die Schlange. »Was willst Du hier machen?«

»Ich habe Schwierigkeiten mit einer Blume«, sagte der kleine Prinz.

 

-Ah! fit le serpent.

Et ils se turent.

-Où sont les hommes? reprit enfin le petit prince.

On est un peu seul dans le désert...

-On est seul aussi chez les hommes, dit le serpent.

»Ah!« sagte die Schlange.

Und sie schwiegen.

»Wo sind die Menschen?« fuhr der kleine Prinz endlich fort.

»Man ist ein bißchen einsam in der Wüste...«

»Man ist auch bei den Menschen einsam«, sagte die Schlange.

 

Le petit prince le regarda longtemps:

-Tu es un drôle de bête, lui dit-il enfin, mince comme un doigt...

-Mais je suis plus puissant que le doigt d'un roi, dit le serpent.

Le petit prince eut un sourire:

-Tu n'est pas bien puissant...tu n'as même pas de pattes... tu ne peux même pas voyager...

Der kleine Prinz sah sie lange an.

»Du bist ein drolliges Tier«, sagte er schließlich, »dünn wie ein Finger...«

»Aber ich bin mächtiger als der Finger eines Königs«, sagte die Schlange.

Der kleine Prinz mußte lächeln.

»Du bist nicht sehr mächtig ... Du hast nicht einmal Füße ... Du kannst nicht einmal reisen ...«

 

-Je puis t'emporter plus loin qu'un navire, dit le serpent.

Il s'enroula autour de la cheville du petit prince, comme un bracelet d'or:

-Celui que je touche, je rends à la terre dont il est sorti, dit-il encore.

Mais tu es pur et tu viens d'une étoile...

Le petit prince ne répondit rien.

»Ich kann Dich weiter bringen als ein Schiff«, sagte die Schlange.

Sie rollte sich um den Knöchel des kleinen Prinzen wie ein goldenes Armband.

»Wen ich berühre, den gebe ich der Erde zurück, aus der er hervorgegangen ist«, sagte sie noch.

»Aber Du bist rein, du kommst von einem Stern...«

Der keine Prinz antwortete nichts.

 

-Tu me fais pitié, toi si faible, sur cette Terre de granit.

Je puis t'aider un jour si tu regrettes trop ta planète. Je puis...

-Oh! J'ai très bien compris, fit le petit prince, mais pourquoi parles-tu toujours par énigmes?

-Je les résous toutes, dit le serpent.

Et ils se turent.

»Du tust mir leid auf dieser Erde aus Granit, du, der du so schwach bist.

Ich kann dir eines Tages helfen, wenn Du dich zu sehr nach Deinem Planeten sehnst. Ich kann ...«

»Oh, ich habe sehr gut verstanden« sagte der kleine Prinz, »aber warum sprichst Du immer in Rätseln?«

»Ich löse sie alle«, sagte die Schlange.

Und sie schwiegen.

 

CHAPITRE XVIII

 

Le petit prince traversa le désert et ne rencontra qu'une fleur. Une fleur à trois pétales, une fleur de rien du tout...

-Bonjour, dit le petit prince.

-Bonjour, dit la fleur.

-Où sont les hommes? demanda poliment le petit prince.

La fleur, un jour, avait vu passer une caravane:

Der kleine Prinz durchquerte die Wüste und begegnete nur einer Blume mit drei Blütenblättern, einer ganz armseligen Blume...

»Guten Tag«, sagte der kleine Prinz.

»Guten Tag«, sagte die Blume.

»Wo sind die Menschen?« fragte höflich der kleine Prinz.

Die Blume hatte eines Tages eine Karawane vorüberziehen sehen.

 

-Les hommes? Il en existe, je crois, six ou sept.

Je les ai aperçus il y a des années. Mais on ne sait jamais où les trouver.

Le vent les promène. Ils manquent de racines, ça les gêne beaucoup.

-Adieu, fit le petit prince.

-Adieu, dit la fleur.

»Die Menschen? Es gibt, glaube ich, sechs oder sieben.

Ich habe sie vor Jahren gesehen. Aber man weiß nie, wo sie zu finden sind.

Der Wind verweht sie. Es fehlen ihnen die Wurzeln, das ist sehr übel für sie.«

»Adieu«, sagte der kleine Prinz.

»Adieu«, sagte die Blume.

 

CHAPITRE XIX

 

Le petit prince fit l'ascension d'une haute montagne.

Les seules montagnes qu'il eût jamais connues étaient les trois volcans qui lui arrivaient au genou.

Et il se servait du volcan éteint comme d'un tabouret.

Der kleine Prinz stieg auf einen hohen Berg.

Die einzigen Berge, die er kannte, waren die drei Vulkane, und sie reichten nur bis an die Knie,

und den erloschenen Vulkan benutze er als Schemel.

 

"D'une montagne haute comme celle-ci, se dit-il donc, j'apercevrai d'un coup toute la planète et tous les hommes..."

Mais il n'aperçut rien que des aiguilles de roc bien aiguisées.

-Bonjour, dit-il à tout hasard.

-Bonjour...Bonjour...Bonjour...répondit l'écho.

-Qui êtes-vous? dit le petit prince.

-Qui êtes-vous...qui êtes-vous...qui êtes-vous...répondit l'écho.

-Soyez mes amis, je suis seul, dit-il.

-Je suis seul...je suis seul...Je suis seul...répondit l'écho.

"Quelle drôle de planète! pensa-t-il alors. Elle est toute sèche, et toute pointue et toute salée.

Et les hommes manquent d'imagination. Ils répètent ce qu'on leur dit...

Chez moi j'avais une fleur: elle parlait toujours la première..."

Von einem Berg so hoch wie der da, sagte er sich, werde ich mit einemmal den ganzen Planeten und alle Menschen sehen...

Aber er sah nichts als die Nadeln spitziger Felsen.

»Guten Tag«, sagte er aufs Geratewohl.

»Guten Tag... Guten Tag... Guten Tag...«, antwortete das Echo.

»Wer bist Du?«, sagte der kleine Prinz.

»Wer bist Du... Wer bist Du... Wer bist Du...?«, antwortete das Echo.

»Seid meine Freunde, ich bin allein«, sagte er.

»Ich bin allein... allein... allein...«antwortete das Echo.

Was für ein merkwürdiger Planet! dachte er da.

Er ist ganz trocken, voller Spitzen und ganz salzig.

Und den Menschen fehlt es an Phantasie. Sie wiederholen, was man ihnen sagt...

Zu Hause hatte ich eine Blume: Sie sprach immer zuerst...

 

CHAPITRE XX

 

Mais il arriva que le petit prince, ayant longtemps marché à travers les sables, les rocs et les neiges, découvrit enfin une route. Et les routes vont toutes chez les hommes.

-Bonjour, dit-il.

C'était un jardin fleuri de roses.

-Bonjour, dirent les roses.

Le petit prince les regarda. Elles ressemblaient toutes à sa fleur.

Aber nachdem der kleine Prinz lange über den Sand, die Felsen und den Schnee gewandert war, geschah es, daß er endlich eine Straße entdeckte. Und die Straßen führen zu Menschen.

»Guten Tag«, sagte er.

Da war ein blühender Rosengarten.

»Guten Tag«, sagten die Rosen.

Der kleine Prinz sah sie an. Sie glichen alle seiner Blume.

 

-Qui êtes-vous? leur demanda-t-il, stupéfait.

-Nous sommes des roses, dirent les roses.

-Ah! fit le petit prince...

Et il se sentit très malheureux. Sa fleur lui avait raconté qu'elle était seule de son espèce dans l'univers.

Et voici qu'il en était cinq mille, toutes semblables, dans un seul jardin!

»Wer seid ihr?« fragte er sie höchst erstaunt.

»Wir sind Rosen«, sagten die Rosen.

»Ach!« sagte der kleine Prinz...

Und er fühlte sich sehr unglücklich. Seine Blume hatte ihm erzählt, daß sie auf der ganzen Welt einzig in ihrer Art sei.

Und siehe!, da waren fünftausend davon, alle gleich, in einem einzigen Garten!

 

"Elle serait bien vexée, se dit-il, si elle voyait ça...

elle tousserait énormément et ferait semblant de mourir pour échapper au ridicule.

Et je serais bien obligé de faire semblant de la soigner, car, sinon, pour m'humilier moi aussi, elle se laisserait vraiment mourir..."

Sie wäre sehr böse, wenn sie das sähe, sagte er sich...

Sie würde fürchterlich husten und so tun, als stürbe sie, um der Lächerlichkeit zu entgehen.

Und ich müßte wohl so tun, als pflegte ich sie, denn sonst ließe ich sie wirklich sterben, um auch mich zu beschämen...

 

Puis il se dit encore:

"Je me croyais riche d'une fleur unique, et je ne possède qu'une rose ordinaire.

Ça et mes trois volcans qui m'arrivent au genou,

et dont l'un, peut-être, est éteint pour toujours, ça ne fais pas de moi un bien grand prince..."

Et, couché dans l'herbe, il pleura.

Dann sagte er sich noch:

Ich glaubte, ich sei reich durch eine einzigartige Blume, und ich besitze nur eine gewöhnliche Rose.

Sie und meine drei Vulkane, die mir bis ans Knie reichen

und von denen einer vielleicht für immer verloschen ist, das macht aus mir keinen sehr großen Prinzen...

Und er warf sich ins Gras und weinte.

 

CHAPITRE XXI

 

C'est alors qu'apparut le renard.

-Bonjour, dit le renard.

-Bonjour, répondit poliment le petit prince, qui se tourna mais ne vit rien.

-Je suis là, dit la voix, sous le pommier.

-Qui es-tu? dit le petit prince. Tu es bien joli...

-Je suis un renard, dit le renard.

In diesem Augenblick erschien der Fuchs:

»Guten Tag«, sagte der Fuchs.

»Guten Tag«, antwortete höflich der kleine Prinz, der sich umdrehte, aber nichts sah.

»Ich bin da«, sagte die Stimme, »unter dem Apfelbaum...«

»Wer bist du?« sagte der kleine Prinz. »Du bist sehr hübsch...«

»Ich bin ein Fuchs«, sagte der Fuchs.

 

-Viens jouer avec moi, lui proposa le petit prince. Je suis tellement triste...

-Je ne puis pas jouer avec toi, dit le renard. Je ne suis pas apprivoisé.

-Ah! Pardon, fit le petit prince.

Mais après réflexion, il ajouta :

-Qu'est-ce que signifie "apprivoiser"?

-Tu n'es pas d'ici, dit le renard, que cherches-tu?

-Je cherche les hommes, dit le petit prince. Qu'est-ce que signifie "apprivoiser"?

»Komm und spiel mit mir«, schlug ihm der kleine Prinz vor. »Ich bin so traurig...«

»Ich kann nicht mit dir spielen«, sagte der Fuchs. »Ich bin noch nicht gezähmt!«

»Ah, Verzeihung!« sagte der kleine Prinz.

Aber nach einiger Überlegung fügte er hinzu:

»Was bedeutet das: 'zähmen'?«

»Du bist nicht von hier, sagte der Fuchs, »was suchst du?«

»Ich suche die Menschen«, sagte der kleine Prinz. »Was bedeutet 'zähmen'?«

 

-Les hommes, dit le renard, ils ont des fusils et ils chassent. C'est bien gênant!

Il élèvent aussi des poules. C'est leur seul intérêt. Tu cherches des poules?

-Non, dit le petit prince. Je cherche des amis. Qu'est-ce que signifie "apprivoiser"?

-C'est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie "Créer des liens..."

-Créer des liens?

»Die Menschen«, sagte der Fuchs, »die haben Gewehre und schießen. Das ist sehr lästig.

Sie ziehen auch Hühner auf. Das ist ihr einziges Interesse. Du suchst Hühner?«

»Nein«, sagte der kleine Prinz, »ich suche Freunde. Was heißt 'zähmen'?«

»Das ist eine in Vergessenheit geratene Sache«, sagte der Fuchs. »Es bedeutet: sich 'vertraut machen'.«

»Vertraut machen?«

 

-Bien sûr, dit le renard.

Tu n'es encore pour moi qu'un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons.

Et je n'ai pas besoin de toi. Et tu n'a pas besoin de moi non plus.

Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards.

Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre.

Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde...

»Gewiß«, sagte der Fuchs.

»Du bist für mich noch nichts als ein kleiner Knabe, der hunderttausend kleinen Knaben völlig gleicht.

Ich brauche dich nicht, und du brauchst mich ebensowenig.

Ich bin für dich nur ein Fuchs, der hunderttausend Füchsen gleicht.

Aber wenn du mich zähmst, werden wir einander brauchen.

Du wirst für mich einzig sein in der Welt. Ich werde für dich einzig sein in der Welt...«

 

-Je commence à comprendre, dit le petit prince. Il y a une fleur...je crois qu'elle m'a apprivoisé...

-C'est possible, dit le renard. on voit sur la Terre toutes sortes de choses...

-Oh! ce n'est pas sur la Terre, dit le petit prince.

Le renard parut très intrigué :

-Sur une autre planète ?

-Oui.

-Il y a des chasseurs sur cette planète-là ?

-Non.

-Ça, c'est intéressant! Et des poules ?

-Non.

-Rien n'est parfait, soupira le renard.

»Ich beginne zu verstehen«, sagte der kleine Prinz. »Es gibt eine Blume... ich glaube, sie hat mich gezähmt...«

»Das ist möglich«, sagte der Fuchs. »Man trifft auf der Erde alle möglichen Dinge...«

»Oh, das ist nicht auf der Erde«, sagte der kleine Prinz.

Der Fuchs schien sehr aufgeregt:

»Auf einem anderen Planeten?«

»Ja.«

»Gibt es Jäger auf diesem Planeten?«

»Nein.«

»Das ist interessant! Und Hühner?«

»Nein.«

»Nichts ist vollkommen!« seufzte der Fuchs.

 

Mais le renard revint à son idée :

-Ma vie est monotone. Je chasse les poules, les hommes me chassent.

Toutes les poules se ressemblent, et tous les hommes se ressemblent.

Je m'ennuie donc un peu. Mais si tu m'apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée.

Aber der Fuchs kam auf seinen Gedanken zurück:

»Mein Leben ist eintönig. Ich jage Hühner, die Menschen jagen mich.

Alle Hühner gleichen einander, und alle Menschen gleichen einander.

Ich langweile mich also ein wenig. Aber wenn du mich zähmst, wird mein Leben wie durchsonnt sein.

 

Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres.

Les autres pas me font rentrer sous terre. Le tien m'appellera hors du terrier, comme une musique.

Et puis regarde! Tu vois, là-bas, les champs de blé? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile.

Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c'est triste! Mais tu a des cheveux couleur d'or.

Alors ce sera merveilleux quand tu m'aura apprivoisé!

Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j'aimerai le bruit du vent dans le blé...

Ich werde den Klang deines Schrittes kennen, der sich von allen andern unterscheidet.

Die anderen Schritte jagen mich unter die Erde. Der deine wird mich wie Musik aus dem Bau locken.

Und dann schau! Du siehst da drüben die Weizenfelder? Ich esse kein Brot. Für mich ist der Weizen zwecklos.

Die Weizenfelder erinnern mich an nichts. Und das ist traurig. Aber du hast weizenblondes Haar.

Oh, es wird wunderbar sein, wenn du mich einmal gezähmt hast!

Das Gold der Weizenfelder wird mich an dich erinnern.

Und ich werde das Rauschen des Windes im Getreide liebgewinnen.«

 

Le renard se tut et regarda longtemps le petit prince :

-S'il te plaît...apprivoise-moi! dit-il.

-Je veux bien, répondit le petit prince,

mais je n'ai pas beaucoup de temps. J'ai des amis à découvrir et beaucoup de choses à connaître.

-On ne connaît que les choses que l'on apprivoise, dit le renard.

Les hommes n'ont plus le temps de rien connaître.

Il achètent des choses toutes faites chez les marchands.

Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis.

Si tu veux un ami, apprivoise-moi!

Der Fuchs verstummte und schaute den Prinzen lange an:

»Bitte... zähme mich!« sagte er.

»Ich möchte wohl«, antwortete der kleine Prinz,

»aber ich habe nicht viel Zeit. Ich muß Freunde finden und viele Dinge kennenlernen.«

»Man kennt nur die Dinge, die man zähmt«, sagte der Fuchs.

»Die Menschen haben keine Zeit mehr, irgend etwas kennenzulernen.

Sie kaufen sich alles fertig in den Geschäften.

Aber da es keine Kaufläden für Freunde gibt, haben die Leute keine Freunde mehr.

Wenn du einen Freund willst, so zähme mich!«

 

-Que faut-il faire? dit le petit prince.

-Il faut être très patient, répondit le renard.

Tu t'assoiras d'abord un peu loin de moi, comme ça, dans l'herbe.

Je te regarderai du coin de l'oeil et tu ne diras rien.

Le langage est source de malentendus.

Mais, chaque jour, tu pourras t'asseoir un peu plus près...

Le lendemain revint le petit prince.

»Was muß ich da tun?« sagte der kleine Prinz.

»Du mußt sehr geduldig sein«, antwortete der Fuchs.

»Du setzt dich zuerst ein wenig abseits von mir ins Gras.

Ich werde dich so verstohlen, so aus dem Augenwinkel anschauen, und du wirst nichts sagen.

Die Sprache ist die Quelle der Mißverständnisse.

Aber jeden Tag wirst du dich ein bißchen näher setzen können...«

Am nächsten Morgen kam der kleine Prinz zurück.

 

-Il eût mieux valu revenir à la même heure, dit le renard.

Si tu viens, par exemple, à quatre heures de l'après-midi, dès trois heures je commencerai d'être heureux.

Plus l'heure avancera, plus je me sentirai heureux.

À quatre heures, déjà, je m'agiterai et m'inquiéterai;

je découvrira le prix du bonheur!

Mais si tu viens n'importe quand, je ne saurai jamais à quelle heure m'habiller le coeur...il faut des rites.

»Es wäre besser gewesen, du wärst zur selben Stunde wiedergekommen«, sagte der Fuchs.

»Wenn du zum Beispiel um vier Uhr nachmittags kommst, kann ich um drei Uhr anfangen, glücklich zu sein.

Je mehr die Zeit vergeht, um so glücklicher werde ich mich fühlen.

Um vier Uhr werde ich mich schon aufregen und beunruhigen;

ich werde erfahre, wie teuer das Glück ist.

Wenn du aber irgendwann kommst, kann ich nie wissen, wann mein Herz da sein soll... Es muß feste Bräuche geben.«

 

-Qu'est-ce qu'un rite? dit le petit prince.

-C'est quelque chose trop oublié, dit le renard.

C'est ce qui fait qu'un jour est différent des autres jours, une heure, des autres heures.

Il y a un rite, par exemple, chez mes chasseurs. Ils dansent le jeudi avec les filles du village.

Alors le jeudi est jour merveilleux! Je vais me promener jusqu'à la vigne.

Si les chasseurs dansaient n'importe quand, les jours se ressembleraient tous, et je n'aurais point de vacances.

»Was heißt 'fester Brauch'?«, sagte der kleine Prinz.

»Auch etwas in Vergessenheit Geratenes«, sagte der Fuchs.

»Es ist das, was einen Tag vom andern unterscheidet, eine Stunde von den andern Stunden.

Es gibt zum Beispiel einen Brauch bei meinen Jägern. Sie tanzen am Donnerstag mit dem Mädchen des Dorfes.

Daher ist der Donnerstag der wunderbare Tag. Ich gehe bis zum Weinberg spazieren.

Wenn die Jäger irgendwann einmal zum Tanze gingen, wären die Tage alle gleich und ich hätte niemals Ferien.«

 

Ainsi le petit prince apprivoisa le renard. Et quand l'heure du départ fut proche :

-Ah! dit le renard...je pleurerai.

-C'est ta faute, dit le petit prince,

je ne te souhaitais point de mal, mais tu as voulu que je t'apprivoise...

-Bien sûr, dit le renard.

-Mais tu vas pleurer! dit le petit prince.

So machte denn der kleine Prinz den Fuchs mit sich vertraut. Und als die Stunde des Abschieds nahe war:

»Ach!« sagte der Fuchs, »ich werde weinen.«

»Das ist deine Schuld«, sagte der kleine Prinz,

»ich wünschte dir nichts Übles, aber du hast gewollt, daß ich dich zähme...«

»Gewiß«, sagte der Fuchs.

»Aber nun wirst du weinen!« sagte der kleine Prinz.

 

-Bien sûr, dit le renard.

-Alors tu n'y gagnes rien!

-J'y gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé.

Puis il ajouta :

»Bestimmt«, sagte der Fuchs.

»So hast du nichts gewonnen!«

»Ich habe«, sagte der Fuchs, »die Farbe des Weizens gewonnen.«

Dann fügte er hinzu:

 

-Va revoir les roses. Tu comprendras que la tienne est unique au monde.

Tu reviendras me dire adieu, et je te ferai cadeau d'un secret.

Le petit prince s'en fut revoir les roses.

-Vous n'êtes pas du tout semblables à ma rose, vous n'êtes rien encore, leur dit-il.

Personne ne vous a apprivoisé et vous n'avez apprivoisé personne.

Vous êtes comme était mon renard. Ce n'était qu'un renard semblable à cent mille autres.

Mais j'en ai fait mon ami, et il est maintenant unique au monde.

Et les roses étaient gênées.

»Geh die Rosen wieder anschauen. Du wirst begreifen, daß die deine einzig ist in der Welt.

Du wirst wiederkommen und mir adieu sagen, und ich werde dir ein Geheimnis schenken.«

Der kleine Prinz ging, die Rosen wiederzusehn:

»Ihr gleicht meiner Rose gar nicht, ihr seid noch nichts«, sagte er zu ihnen.

»Niemand hat sich euch vertraut gemacht und auch ihr habt euch niemandem vertraut gemacht.

Ihr seid, wie mein Fuchs war. Der war nichts als ein Fuchs wie hunderttausend andere.

Aber ich habe ihn zu meinem Freund gemacht, und jetzt ist er einzig in der Welt.«

Und die Rosen waren sehr beschämt.

 

-Vous êtes belles mais vous êtes vides, leur dit-il encore.

On ne peut pas mourir pour vous. Bien sûr, ma rose à moi, un passant ordinaire croirait qu'elle vous ressemble.

Mais à elle seule elle est plus importante que vous toutes, puisque c'est elle que j'ai arrosée.

Puisque c'est elle que j'ai abritée par le paravent.

Puisque c'est elle dont j'ai tué les chenilles (sauf les deux ou trois pour les papillons).

Puisque c'est elle que j'ai écoutée se plaindre, ou se vanter, ou même quelquefois se taire.

Puisque c'est ma rose.

»Ihr seid schön, aber ihr sein leer«, sagte er noch.

»Man kann für euch nicht sterben. Gewiß, ein Irgendwer, der vorübergeht, könnte glauben, meine Rose ähnle euch.

Aber in sich selbst ist sie wichtiger als ihr alle, da sie es ist, die ich begossen habe.

Da sie es ist, die ich unter den Glassturz gestellt habe.

Da sie es ist, die ich mit dem Wandschirm geschützt habe.

Da sie es ist, deren Raupen ich getötet habe (außer den zwei oder drei um der Schmetterlinge willen).

Da sie es ist, die ich klagen oder sich rühmen gehört habe oder auch manchmal schweigen.

Da es meine Rose ist.«

 

Et il revint vers le renard :

-Adieu, dit-il...

-Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple :

on ne voit bien qu'avec le coeur. L'essentiel est invisible pour les yeux.

-L'essentiel est invisible pour les yeux, répéta le petit prince, afin de se souvenir.

Und er kam zum Fuchs zurück:

»Adieu«, sagte er...

»Adieu«, sagte der Fuchs. »Hier mein Geheimnis. Es ist ganz einfach:

man sieht nur mit dem Herzen gut. Das Wesentliche ist für die Augen unsichtbar.«

»Das Wesentliche ist für die Augen unsichtbar«, wiederholte der kleine Prinz, um es sich zu merken.

 

-C'est le temps que tu a perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.

-C'est le temps que j'ai perdu pour ma rose...fit le petit prince, afin de se souvenir.

-Les hommes on oublié cette vérité, dit le renard. Mais tu ne dois pas l'oublier.

Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose...

-Je suis responsable de ma rose...répéta le petit prince, afin de se souvenir.

»Die Menschen haben diese Wahrheit vergessen«, sagte der Fuchs. »Aber du darfst sie nicht vergessen.

Du bist zeitlebens für das verantwortlich, was du dir vertraut gemacht hast. Du bist für deine Rose verantwortlich...«

»Ich bin für meine Rose verantwortlich...«, wiederholte der kleine Prinz, um es sich zu merken.

 

CHAPITRE XXII

 

-Bonjour, dit le petit prince.

-Bonjour, dit l'aiguilleur.

-Que fais-tu ici? dit le petit prince.

-Je trie les voyageurs, par paquets de mille, dit l'aiguilleur.

J'expédie les trains qui les emportent, tantôt vers la droite, tantôt vers la gauche.

»Guten Tag«, sagte der kleine Prinz.

»Guten Tag«, sagte der Weichensteller.

»Was machst du da?« sagte der kleine Prinz.

»Ich sortiere die Reisenden nach Tausenderpaketen«, sagte der Weichensteller.

»Ich schicke die Züge, die sie fortbringen, bald nach rechts, bald nach links.«

 

Et un rapide illuminé, grondant comme le tonnerre, fit trembler la cabine d'aiguillage.

-Ils sont bien pressés, dit le petit prince. Que cherchent-ils?

-L'homme de la locomotive l'ignore lui-même, dit l'aiguilleur.

Und ein lichterfunkelnder Schnellzug, grollend wie der Donner, machte das Weichenstellerhäuschen erzittern.

»Sie haben es sehr eilig«, sagte der kleine Prinz, »Wohin wollen sie?«

»Der Mann von der Lokomotive weiß es selbst nicht«, sagte der Weichensteller.

 

Et gronda, en sens inverse, un second rapide illuminé.

-Ils reviennent déjà? demanda le petit prince...

-Ce ne sont pas les mêmes, dit l'aiguilleur. C'est un échange.

»Das wechselt.«

 

-Ils n'étaient pas contents, là où ils étaient?

-On n'est jamais content là où on est, dit l'aiguilleur.

Et gronda le tonnerre d'un troisième rapide illuminé.

»Waren sie nicht zufrieden dort, wo sie waren?«

»Man ist nicht zufrieden dort, wo man ist«, sagte der Weichensteller.

Und es rollte der Donner eines dritten funkelnden Schnellzuges vorbei.

 

-Ils poursuivent les premiers voyageur demanda le petit prince.

-Ils ne poursuivent rien du tout, dit l'aiguilleur.

Ils dorment là-dedans, ou bien ils bâillent. Les enfants seuls écrasent leur nez contre les vitres.

-Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent, fit le petit prince.

Ils perdent du temps pour une poupée de chiffons, et elle devient très importante, et si on la leur enlève, ils pleurent...

-Ils ont de la chance, dit l'aiguilleur.

»Verfolgen diese die ersten Reisenden?«, fragte der kleine Prinz.

»Sie verfolgen gar nichts«, sagte der Weichensteller.

»Sie schlafen da drinnen oder sie gähnen auch. Nur die Kinder drücken ihre Nasen gegen die Fensterscheiben.«

»Nur die Kinder wissen, wohin sie wollen«, sagte der kleine Prinz.

»Sie wenden ihre Zeit an eine Puppe aus Stoff-Fetzen, und die Puppe wird ihnen sehr wertvoll, und wenn man sie ihnen wegnimmt, weinen sie ...«

»Sie haben es gut«, sagte der Weichensteller.

 

CHAPITRE XXIII

 

-Bonjour, dit le petit prince.

-Bonjour, dit le marchand de pilules perfectionnées qui apaisent la soif.

On en avale une par semaine et l'on n'éprouve plus le besoin de boire.

-Pourquoi vends-tu ça? dit le petit prince.

-C'est une grosse économie de temps, dit le marchand.

Les experts ont fait des calculs. on épargne cinquante-trois minutes par semaine.

»Guten Tag«, sagte der kleine Prinz.

»Guten Tag«, sagte der Händler. Er handelte mit höchst wirksamen, durststillenden Pillen.

Man schluckt jede Woche eine und spürt überhaupt kein Bedürfnis mehr, zu trinken.

»Warum verkaufst du das?« sagte der kleine Prinz.

»Das ist eine große Zeitersparnis«, sagte der Händler.

»Die Sachverständigen haben Berechnungen angestellt. Man erspart dreiundfünfzig Minuten in der Woche.«

 

-Et que fait-on des cinquante-trois minutes?

-On fait ce que l'on veut...

"Moi, se dit le petit prince, si j'avais cinquante-trois minutes à dépenser,

je marcherais tout doucement vers une fontaine..."

»Und was macht man mit diesen dreiundfünfzig Minuten?«

»Man macht damit, was man will ...«

»Wenn ich dreinundfünfzig Minuten übrig hätte", sagte der kleine Prinz,

»würde ich ganz gemächlich zu einem Brunnen laufen ...«

 

CHAPITRE XXIV

 

Nous en étions au huitième jour de ma panne dans le désert,

et j'avais écouté l'histoire du marchand en buvant la dernière goutte de ma provision d'eau:

-Ah! dis-je au petit prince,

ils sont bien jolis, tes souvenirs, mais je n'ai pas encore réparé mon avion,

je n'ai plus rien à boire, et je serais heureux, moi aussi, si je pouvais marcher tout doucement vers une fontaine!

Es war am achten Tage nach meiner Panne in der Wüste

und ich hörte gerade die Geschichte vom Pillenverkäufer, als ich den letzten Tropfen meines Wasservorrates trank:

»Ach«, sagte ich zum kleinen Prinzen,

»deine Erinnerungen sind ganz hübsch, aber ich habe mein Flugzeug noch nicht repariert,

habe nichts mehr zu trinken und wäre glücklich, wenn auch ich ganz gemächlich zu einem Brunnen gehen könnte!«

 

-Mon ami le renard, me dit-il...

-Mon petit bonhomme, il ne s'agit plus du renard!

-Pourquoi?

-Parce qu'on va mourir de soif...

»Mein Freund, der Fuchs«, sagte er ...

»Mein kleines Kerlchen, es handelt sich nicht mehr um den Fuchs!«

»Warum?«

»Weil man vor Durst sterben wird ...«

 

Il ne comprit pas mon raisonnement, il me répondit:

-Ç'est bien d'avoir eu un ami, même si l'on va mourir.

Moi, je suis bien content d'avoir eu un ami renard...

Il ne mesure pas le danger, me dis-je. Il n'a jamais ni faim ni soif. Un peu de soleil lui suffit...

Er verstand meinen Einwand nicht, er antwortete:

»Es ist gut einen Freund zu haben, selbst wenn man sterben muß.

Ich bin froh, daß ich einen Fuchs zum Freunde hatte ...«

Er ermißt die Gefahr nicht, sagte ich mir. Er hat nie Hunger, nie Durst. Ein bißchen Sonne genügt ihm ...

 

Mais il me regarda et répondit à ma pensée:

-J'ai soif aussi...cherchons un puits...

J'eus un geste de lassitude:

il est absurde de chercher un puits, au hasard, dans l'immensité du désert.

Cependant nous nous mîmes en marche.

Aber er sah mich an und antwortete auf meine Gedanken:

»Ich habe auch Durst ... suchen wir einen Brunnen ...«

Ich machte eine Gebärde der Hoffnungslosigkeit:

es ist sinnlos auf gut Glück in der Endlosigkeit der Wüste einen Brunnen zu suchen.

Dennoch machten wir uns auf den Weg.

 

Quand nous eûmes marché, des heures, en silence, la nuit tomba, et les étoiles commencèrent de s'éclairer.

Je les apercevais comme dans un rêve, ayant un peu de fièvre, à cause de ma soif.

Les mots du petit prince dansaient dans ma mémoire:

Als wir stundenlang schweigend dahingezogen waren, brach die Nacht herein, und die Sterne begannen zu leuchten.

Ich sah sie wie im Traum, ich hatte ein wenig Fieber vor Durst.

Die Worte des kleinen Prinzen tanzten durch mein Bewußtsein:

 

-Tu as donc soif aussi? lui demandai-je.

Mais il ne répondit pas à ma question. Il me dit simplement:

-L'eau peut aussi être bonne pour le coeur...

Je ne compris pas sa réponse mais je me tus...Je savais bien qu'il ne fallait pas l'interroger.

»Du hast also auch Durst?« fragte ich ihn.

Er antwortete nicht auf meine Frage. Er sagte einfach:

»Wasser kann auch gut sein für das Herz ...«

Ich verstand seine Worte nicht, aber ich schwieg ... Ich wußte gut, daß man ihn nicht fragen durfte.

 

Il était fatigué. Il s'assit. Je m'assis auprès de lui. Et, après un silence, il dit encore:

-Les étoiles sont belles, à cause d'une fleur que l'on ne voit pas...

Je répondis "bien sûr" et je regardai, sans parler, les plis du sable sous la lune.

-Le désert est beau, ajouta-t-il...

Et c'était vrai. J'ai toujours aimé le désert. on s'assoit sur une dune de sable.

On ne voit rien. on n'entend rien. Et cependant quelque chose rayonne en silence...

Er war müde. Er setzte sich. Ich setzte mich neben ihn. Und nach einem Schweigen sagte er noch:

»Die Sterne sind schön, weil sie an eine Blume erinnern, die man nicht sieht ...«

Ich antwortete: »Gewiß«, und betrachtete schweigend die Falten des Sandes unter dem Monde.

»Die Wüste ist schön, fügte er hinzu ...«

Und das war wahr. Ich die Wüste immer geliebt. Man setzt sich auf eine Sanddüne.

Man sieht nichts. Man hört nichts. Und währenddessen strahlt etwas in der Stille.

 

-Ce qui embellit le désert, dit le petit prince, c'est qu'il cache un puits quelque part...

Je fus surpris de comprendre soudain ce mystérieux rayonnement du sable.

Lorsque j'étais petit garçon j'habitais une maison ancienne, et la légende racontait qu'un trésor y était enfoui.

Bien sûr, jamais personne n'a su le découvrir, ni peut-être même ne l'a cherché.

Mais il enchantait toute cette maison. Ma maison cachait un secret au fond de son coeur...

»Es macht die Wüste schön«, sagte der kleine Prinz, »daß sie irgendwo einen Brunnen birgt.«

Ich war überrascht, dieses geheimnisvolle Leuchten des Sandes plötzlich zu verstehen.

Als ich ein kleiner Knabe war, wohnte ich in einem alten Haus, und die Sage erzählte, daß darin ein Schatz versteckt sei.

Gewiß, es hat ihn nie jemand gesucht.

Aber er verzauberte dieses ganze Haus. Mein Haus barg ein Geheimnis auf dem Grunde seines Herzens ...

 

-Oui, dis-je au petit prince,

qu'il s'agisse de la maison, des étoiles ou du désert, ce qui fait leur beauté est invisible!

-Je suis content, dit-il, que tu sois d'accord avec mon renard.

»Ja«, sagte ich zum kleinen Prinzen,

»ob es sich um das Haus, um die Sterne oder um die Wüste handelt, was ihre Schönheit ausmacht, ist unsichtbar!«

»Ich bin froh«, sagte er, »daß du mit meinem Fuchs übereinstimmst.«

 

Comme le petit prince s'endormait, je le pris dans mes bras, et me remis en route.

J'étais ému. Il me semblait porter un trésor fragile.

Il me semblait même qu'il n'y eût rien de plus fragile sur la Terre.

Je regardais, à la lumière de la lune, ce front pâle, ces yeux clos, ces mèches de cheveux qui tremblaient au vent,

et je me disais: ce que je vois là n'est qu'une écorce. Le plus important est invisible...

Da der kleine Prinz einschlief, nahm ich ihn in meine Arme und machte mich wieder auf den Weg.

Ich war bewegt. Mir war, als trüge ich ein zerbrechliches Kleinod.

Es schien mir sogar, als gäbe es nichts Zerbrechlicheres auf der Erde.

Ich betrachtete im Mondlicht diese blasse Stirn, diese geschlossenen Augen, diese im Winde zitternde Haarsträhne,

und ich sagte mir: Was ich da sehe, ist nur eine Hülle. Das Eigentliche ist unsichtbar ...

 

Comme ses lèvres entr'ouvertes ébauchaient un demi-sourire je me dis encore:

"Ce qui m'émeut si fort de ce petit prince endormi, c'est sa fidélité pour une fleur,

c'est l'image d'une rose qui rayonne en lui comme la flamme d'une lampe, même quand il dort..."

Et je le devinai plus fragile encore.

Il faut bien protéger les lampes: un coup de vent peut les éteindre...

Da seine halbgeöffneten Lippen ein halbes Lächeln andeuteten, dachte ich mir auch:

Was mich an diesem kleinen eingeschlafenen Prinzen so sehr rührt, ist seine Treue zu seiner Blume,

ist das Bild einer Rose, das ihn durchstrahlt wie die Flamme einer Lampe, selbst wenn er schläft ...

Und er kam mir noch zerbrechlicher vor als bisher.

Man muß die Lampen sorgsam schützen: ein Windstoß kann sie zum Verlöschen bringen ...

 

Et, marchant ainsi, je découvris le puits au lever du jour.

Und während ich so weiterging, entdeckte ich bei Tagesanbruch den Brunnen.

 

CHAPITRE XXV

 

-Les hommes, dit le petit prince,

ils s'enfoncent dans les rapides, mais ils ne savent plus ce qu'ils cherchent.

Alors ils s'agitent et tournent en rond...

Et il ajouta:

-Ce n'est pas la peine...

»Die Leute«, sagte der kleine Prinz,

»schieben sich in die Schnellzüge, aber sie wissen gar nicht, wohin sie fahren wollen.

Nachher regen sie sich auf und drehen sich im Kreis ...«

Und er fügte hinzu:

»Das ist nicht der Mühe wert ...«

 

Le puits que nous avions atteint ne ressemblait pas aux autres puits sahariens.

Les puits sahariens sont de simples trous creusés dans le sable.

Celui-là ressemblait à un puits de village. Mais il n'y avait là aucun village, et je croyais rêver.

Der Brunnen, den wir erreicht hatten, glich nicht den Brunnen der Sahara.

Die Brunnen der Sahara sind einfache, in den Sand gegrabene Löcher.

Dieser da glich einem Dorfbrunnen. Aber es war keinerlei Dorf da, und ich glaubte zu träumen.

 

-C'est étrange, dis-je au petit prince, tout est prêt: la poulie, le seau et la corde...

Il rit, toucha la corde, fit jouer la poulie.

Et la poulie gémit comme une vieille girouette quand le vent a longtemps dormi.

»Das ist merkwürdig«, sagte ich zum kleinen Prinzen, »alles ist bereit: die Winde, der Kübel und das Seil ...«

Er lachte, berührte das Seil, ließ die Rolle spielen.

Und die Rolle knarrte wie ein altes Windrad, wenn der Wind lange geschlafen hat.

 

-Tu entends, dit le petit prince, nous réveillons ce puits et il chante...

Je ne voulais pas qu'il fît un effort:

-Laisse-moi faire, lui dis-je, c'est trop lourd pour toi.

Lentement je hissai la seau jusqu'à la margelle. Je l'y installai bien d'aplomb.

Dans mes oreilles durait le chant de la poulie et, dans l'eau qui tremblait encore, je voyais trembler le soleil.

-J'ai soif de cette eau-là, dit le petit prince, donne-moi à boire...

Et je compris ce qu'il avait cherché!

»Laß mich das machen«, sagte ich zu ihm, »das ist zu schwer für dich.«

Langsam hob ich den Kübel bis zum Brunnenrand. Ich stellte ihn dort schön aufrecht.

In meinen Ohren war noch immer der Gesang der Zugwinde, und im Wasser, das noch zitterte, sah ich die Sonne zittern.

»Ich habe Durst nach diesem Wasser«, sagte der kleine Prinz, »gib mir zu trinken ...«

Und ich verstand, was er gesucht hatte.

 

Je soulevai le seau jusqu'à ses lèvres. Il but, les yeux fermés. C'était doux comme une fête.

Elle était née de la marche sous les étoiles, du chant de la poulie, de l'effort de mes bras.

Elle était bonne pour le coeur, comme un cadeau.

Lorsque j'étais petit garçon, la lumière de l'arbre de Noël, la musique de la messe de minuit, la douceur des sourires faisaient ainsi tout le rayonnement du cadeau de Noël que je recevais.

Ich hob den Kübel an seine Lippen. Er trank mit geschlossenen Augen. Das war süß wie ein Fest.

(Dieses Wasser war etwas ganz anderes als ein Trunk.)

Es war entsprungen aus dem Marsch unter den Sternen, aus dem Gesang der Rolle, aus der Mühe meiner Arme.

Es war gut fürs Herz, wie ein Geschenk.

Genau so machten, als ich ein Knabe war, die Lichter des Christbaums, die Musik der Weihnachtsmette, die Sanftmut des Lächelns den eigentlichen Glanz der Geschenke aus, die ich erhielt.

(»Du hörst«, sagte der kleine Prinz, »wir wecken diesen Brunnen auf, und er singt ...«

Ich wollte nicht, daß er sich abmühte:)

 

-Les hommes de chez toi, dit le petit prince,

cultivent cinq mille roses dans le même jardin...et ils n'y trouvent pas ce qu'ils cherchent...

-Ils ne le trouvent pas, répondis-je...

-Et cependant ce qu'ils cherchent pourrait être trouvé dans une seule rose ou un peu d'eau...

»Die Menschen bei dir zu Hause«, sagte der kleine Prinz,

»züchten fünftausend Rosen in ein und demselben Garten ...und doch finden sie dort nicht, was sie suchen ...«

»Sie finden es nicht«, antwortete ich ...

»Und dabei kann man das, was sie suchen, in einer einzigen Rose oder in ein bißchen Wasser finden ...«

(»Ganz gewiß«, antwortete ich.)

 

Et le petit prince ajouta:

-Mais les yeux sont aveugles. Il faut chercher avec le coeur.

J'avais bu. Je respirais bien. Le sable, au lever du jour, est couleur de miel.

J'étais heureux aussi de cette couleur de miel. Pourquoi fallait-il que j'eusse de la peine...

Und der kleine Prinz fügte hinzu:

»Aber die Augen sind blind. Man muß mit dem Herzen suchen.«

Ich hatte getrunken. Es atmete sich wieder gut. Der Sand hat bei Tagesanbruch die Farbe des Honigs.

Auch über diese Honigfarbe war ich glücklich. Warum mußte ich Kummer haben ...

 

-Il faut que tu tiennes ta promesse, me dit doucement le petit prince, qui, de nouveau, s'était assis auprès de moi.

-Quelle promesse?

-Tu sais...une muselière pour mon mouton...je suis responsable de cette fleur!

Je sortis de ma poche mes ébauches de dessin. Le petit prince les aperçut et dit en riant:

-Tes baobabs, ils ressemblent un peu à des choux...

-Oh!

Moi qui étais si fier des baobabs!

»Du mußt dein Versprechen halten«, sagte sanft der kleine Prinz, der sich wieder zu mir gesetzt hatte.

»Welches Versprechen?«

»Du weißt, einen Maulkorb für mein Schaf ...Ich bin verantwortlich für diese Blume!«

Ich nahm meine Skizzen aus der Tasche. Der kleine Prinz sah sie und sagte lachend:

»Deine Affenbrotbäume schauen ein bißchen wie Kohlköpfe aus ...«

»Oh!«

Und ich war auf die Affenbrotbäume so stolz gewesen!

 

-Ton renard...ses oreilles...elles ressemblent un peu à des cornes...et elles sont trop longues!

Et il rit encore.

-Tu es injuste, petit bonhomme, je ne savais rien dessiner que les boas fermés et les boas ouverts.

-Oh! ça ira, dit-il, les enfants savent.

»Dein Fuchs ...seine Ohren ...sie schauen ein wenig wie Hörner aus ...sie sind viel zu lang!«

Und er lachte wieder.

»Du bist ungerecht, kleines Kerlchen, ich konnte nichts zeichnen als geschlossene und offene Riesenschlangen!«

»Oh! Es wird schon gehn«, sagte er, »die Kinder wissen ja Bescheid.«

 

Je crayonnai donc une muselière. Et j'eus le coeur serré en la lui donnant:

-Tu as des projets que j'ignore...

Mais il ne me répondit pas. Il me dit:

-Tu sais, ma chute sur la Terre...c'en sera demain l'anniversaire...

Puis après un silence il dit encore:

-J'étais tombé tout près d'ici...

Et il rougit.

Ich kritzelte also einen Maulkorb hin. Und das Herz krampfte sich mir zusammen, als ich ihn dem kleinen Prinzen gab:

»Du hast Pläne, von denen ich nichts weiß ...«

Aber er antwortete nicht. Er sagte:

»Du weißt, mein Sturz auf die Erde ...Morgen wird es ein Jahr sein ...«

Dann, nach einem Schweigen, sagte er noch:

»Ich war ganz in der Nähe heruntergefallen ...«

Und er errötete.

 

Et de nouveau, sans comprendre pourquoi, j'éprouvai un chagrin bizarre. Cependant une question me vint:

-Alors ce n'est pas par hasard que, le matin où je t'ai connu, il y a huit jours,

tu te promenais comme ça, tout seul, à mille milles de toutes régions habitées!

Tu retournais vers le point de ta chute?

Le petit prince rougit de nouveau.

Wieder fühlte ich einen merkwürdigen Kummer, ohne zu wissen, warum. Indessen kam mir eine Frage:

»Dann ist es kein Zufall, daß du am Morgen, da ich dich kennenlernte, vor acht Tagen,

so ganz allein, tausend Meilen von allen bewohnten Gegenden entfernt, spazierengingst!

Du kehrtest zu dem Punkt zurück, wohin du gefallen warst?

Der kleine Prinz errötete noch mehr.

(Und ich fügte zögernd hinzu:

»Vielleicht war es der Jahrestag? ...«

Von neuem errötete der kleine Prinz.)

 

Il ne répondait jamais aux questions, mais, quand on rougit, ça signifie "oui", n'est-ce pas?

-Ah! lui dis-je, j'ai peur...

Mais il me répondit:

-Tu dois maintenant travailler. Tu dois repartir vers ta machine.

Je t'attends ici. Reviens demain soir...

Mais je n'étais pas rassuré. Je me souvenais du renard.

On risque de pleurer un peu si l'on s'est laissé apprivoiser...

Er antwortete nie auf die Fragen, aber wenn man errötet, so bedeutet das ,ja', nicht wahr?

»Ach«, sagte ich, »ich habe Angst!«

Aber er antwortete:

»Du mußt jetzt arbeiten. Du mußt wieder zu deiner Maschine zurückkehren.

Ich erwarte dich hier. Komm morgen abend wieder ...«

Aber ich war nicht beruhigt. Ich erinnerte mich an den Fuchs.

Man läuft Gefahr, ein bißchen zu weinen, wenn man sich hat zähmen lassen ...

 

CHAPITRE XXVI

 

Il y avait, à côté du puits, une ruine de vieux mur de pierre.

Lorsque je revins de mon travail, le lendemain soir,

j'aperçus de loin mon petit prince assis là-haut, les jambes pendantes.

Et je l'entendis qui parlait:

Neben dem Brunnen stand die Ruine einer alten Steinmauer.

Als ich am nächsten Abend von meiner Arbeit zurückkam,

sah ich von weitem meinen kleinen Prinzen da oben sitzen, mit herabhängenden Beinen.

Und ich hörte ihn sprechen.

 

-Tu ne t'en souviens donc pas? disait-il. Ce n'est pas tout à fait ici!

Une autre voix lui répondit sans doute, puisqu'il répliqua:

-Si! Si! c'est bien le jour, mais ce n'est pas ici l'endroit...

Je poursuivis ma marche vers le mur. Je ne voyais ni entendais toujours personne.

»Du erinnerst dich also nicht mehr?« sagte er. »Es ist nicht ganz genau hier!«

Zweifellos antwortete ihm eine andere Stimme, da er erwiderte:

»Doch! Doch! Es ist wohl der Tag, aber nicht ganz genau der Ort ...«

Ich setzte meinen Weg zur Mauer fort. Ich sah und hörte niemanden.

 

Pourtant le petit prince répliqua de nouveau:

-...Bien sûr. Tu verras où commence ma trace dans le sable.

Tu n'as qu'à m'y attendre. J'y serai cette nuit...

J'étais à vingt mètres du mur et je ne voyais toujours rien.

Le petit prince dit encore, après un silence:

-Tu as du bon venin? Tu es sûr de ne pas me faire souffrir longtemps?

Je fis halte, le coeur serré, mais je ne comprenais toujours pas.

-Maintenant va-t'en, dit-il...je veux redescendre!

Dennoch erwiderte der kleine Prinz von neuem:

»Gewiß. Du wirst sehen, wo meine Spur im Sand beginnt.

Du brauchst mich nur dort zu erwarten. Ich werde heute nacht dort sein.«

Ich war zwanzig Meter von der Mauer entfernt und sah noch immer nichts.

Der kleine Prinz sagte noch, nach einem kurzen Schweigen:

»Du hast gutes Gift? Bist Du sicher, daß du mich nicht lange leiden läßt?«

Ich blieb stehen, und das Herz preßte sich mir zusammen, aber ich verstand noch immer nicht.

»Jetzt geh weg«, sagte er, »ich will hinunterspringen!

 

Alors j'abaissai moi-même les yeux vers le pied du mur, et je fis un bond!

Il était là, dressé vers le petit prince, un de ces serpents jaunes qui vous exécutent en trente secondes.

Tout en fouillant ma poche pour en tirer mon révolver, je pris le pas de course, mais, au bruit que je fis, le serpent se laissa doucement couler dans le sable, comme un jet d'eau qui meurt, et, sans trop se presser, se faufila entre les pierres avec un léger bruit de métal.

Da richtete ich selbst den Blick auf den Fuß der Mauer, und ich machte einen Satz! (Ich sprang!)

Da war, zum kleinen Prinzen emporgereckt, eine dieser gelben Schlangen, die euch in dreißig Sekunden erledigen ...

Ich wühlte in meiner Tasche nach meinem Revolver und begann zu laufen, aber bei dem Lärm, den ich machte, ließ sich die Schlange sachte in den Sand gleiten, wie ein Wasserstrahl, der stirbt, und ohne allzu große Eile schlüpfte sie mit einem leichten metallenen Klirren zwischen die Steine.

 

Je parvins au mur juste à temps pour y recevoir dans les bras mon petit bonhomme de prince, pâle comme la neige.

-Quelle est cette histoire-là! Tu parles maintenant avec les serpents!

J'avais défait son éternel cache-nez d'or.

Je lui avait mouillé les tempes et l'avais fait boire.

Et maintenant je n'osais plus rien lui demander.

Gerade rechtzeitig kam ich zur Mauer, um mein kleines Kerlchen von einem Prinzen in meinen Armen aufzufangen; er war bleich wie der Schnee.

»Was sind das für Geschichten! Du sprichst jetzt mit Schlangen?!«

Ich hatte ihm sein ewiges gelbes Halstuch abgenommen.

Ich hatte ihm die Schläfen genetzt und ihm zu trinken gegeben.

Und jetzt wage ich nicht, ihn weiter zu fragen.

 

Il me regarda gravement et m'entoura le cou de ses bras.

Je sentais battre son coeur comme celui d'un oiseau qui meurt, quand on l'a tiré à la carabine.

Il me dit:

-Je suis content que tu aies trouvé ce qui manquait à ta machine. Tu vas pouvoir rentrer chez toi...

-Comment sais-tu?

Je venais justement lui annoncer que, contre toute espérance, j'avais réussi mon travail!

Er schaute mich ernsthaft an und legte seine Arme um meinen Hals.

Ich fühlte sein Herz klopfen wie das eines sterbenden Vogels, den man mit der Flinte geschossen hat.

Er sagte zu mir:

»Ich bin froh, daß du gefunden hast, was an deiner Maschine fehlte. Du wirst nach Hause zurückkehren können ...«

»Woher weißt du das?«

Ich hatte ihm gerade erzählen wollen, daß mir gegen alle Erwartungen meine Arbeit geglückt sei!

 

Il ne répondit rien à ma question, mais il ajouta:

-Moi aussi, aujourd'hui, je rentre chez moi...

Puis, mélancolique:

-C'est bien plus loin...c'est bien plus difficile...

Er antwortete nicht auf meine Frage, fuhr aber fort:

»Auch ich werde heute nach Hause zurückkehren ...«

Dann schwermütig:

»Das ist viel weiter ...Das ist viel schwieriger ...«

 

Je sentais bien qu'il se passait quelque chose d'extraordinaire.

Je le serrais dans mes bras comme un petit enfant,

et cependant il me semblait qu'il coulait verticalement dans un abîme sans que je pusse rien pour le retenir...

Ich fühle wohl, daß etwas Außergewöhnliches vorging.

Ich schloß ihn fest in die Arme wie ein kleines Kind,

und doch schien es mir, als stürzte er senkrecht in einen Abgrund, ohne daß ich imstande war, ihn zurückzuhalten ...

 

Il avait le regard sérieux, perdu très loin:

-J'ai ton mouton. Et j'ai la caisse pour le mouton. Et j'ai la muselière...

Et il sourit avec mélancolie.

Sein Blick war ernst; er verlor sich in weiter Ferne:

»Ich habe dein Schaf. Und ich habe die Kiste für das Schaf. Und ich habe den Maulkorb ...«

Und er lächelte schwermütig.

 

J'attendis longtemps. Je sentais qu'il se réchauffait peu à peu:

-Petit bonhomme, tu as peur...

Il avait eu peur, bien sûr! Mais il rit doucement:

-J'aurai bien plus peur ce soir...

.Ich wartete lange. Ich fühlte, daß er sich mehr und mehr erwärmte:

»Kleines Kerlchen, du hast Angst gehabt ...«

Er hatte Angst gehabt, ganz gewiß! Aber er lachte sanft:

»Ich werde heute abend noch viel mehr Angst haben ...«

 

De nouveau je me sentis glacé par le sentiment de l'irréparable.

Et je compris que je ne supportais pas l'idée de ne plus jamais entendre ce rire.

C'était pour moi comme une fontaine dans le désert.

-Petit bonhomme, je veux encore t'entendre rire..

Wieder lief es mir eisig über den Rücken bei dem Gefühl des Unabwendbaren.

Dieses Lachen nie mehr zu hören - ich begriff, daß ich den Gedanken nicht ertrug.

Es war für mich wie ein Brunnen in der Wüste.

»Kleines Kerlchen, ich will dich noch mehr lachen hören ...«

 

Mais il me dit:

-Cette nuit, ça fera un an. Mon étoile se trouvera juste au-dessus de l'endroit où je suis tombé l'année dernière...

-Petit bonhomme, n'est-ce pas que c'est un mauvais rêve cette histoire de serpent et de rendez-vous et d'étoile...

Aber er sagte zu mir:

»Diese Nacht wird es ein Jahr. Mein Stern wird sich gerade über dem Ort befinden, wo ich letztes Jahr gelandet bin ...«

»Kleines Kerlchen, ist sie nicht ein böser Traum, diese Geschichte mit der Schlange und der Vereinbarung und dem Stern ...«

 

Mais il ne répondit pas à ma question. Il me dit:

-Ce qui est important, ça ne se voit pas...

-Bien sûr...

-C'est comme pour la fleur. Si tu aimes une fleur qui se trouve dans une étoile,

c'est doux, la nuit, de regarder le ciel. Toutes les étoiles sont fleuries.

-Bien sûr...

C'est comme pour l'eau. Celle que tu m'as donnée à boire était comme un musique, à cause de la poulie et de la corde...tu te rappelles...elle était bonne.

-Bien sûr...

Aber er antwortete nicht auf meine Frage.

Er sagte: »Was wichtig ist, sieht man nicht ...«

»Gewiß ...«

»Das ist wie mit der Blume. Wenn du eine Blume liebst, die auf einem Stern wohnt,

so ist es süß, bei Nacht den Himmel zu betrachten. Alle Sterne sind voll Blumen.«

»Gewiß ...«

»Das ist wie mit dem Wasser. Was du mir zu trinken gabst, war wie Musik, die Winde und das Seil ...du erinnerst dich ...es war gut.«

»Gewiß ...«

 

-Tu regarderas, la nuit, les étoiles.

C'est trop petit chez moi pour que je te montre où se trouve la mienne.

C'est mieux comme ça. Mon étoile, ça sera pour toi une des étoiles.

Alors, toutes les étoiles, tu aimeras les regarder...

Elles seront toutes tes amies. Et puis je vais te faire un cadeau...

Il rit encore.

»Du wirst in der Nacht die Sterne anschauen. Mein Zuhause ist zu klein, um dir zeigen zu können, wo es umgeht.

Es ist besser so. Mein Stern wird für dich einer der Sterne sein.

Dann wirst du alle Sterne gern anschauen ...

Alle werden sie deine Freunde sein. Und dann werde ich dir ein Geschenk machen ...«

Er lachte noch.

 

-Ah! petit bonhomme, petit bonhomme j'aime entendre ce rire!

-Justement ce sera mon cadeau...ce sera comme pour l'eau...

-Que veux-tu dire?

-Les gens ont des étoiles qui ne sont pas les mêmes.

Pour les uns, qui voyagent, les étoiles sont des guides.

Pour d'autres elles ne sont rien que de petites lumières.

Pour d'autres qui sont savants elles sont des problèmes.

Pour mon businessman elles étaient de l'or.

Mais toutes ces étoiles-là elles se taisent.

Toi, tu auras des étoiles comme personne n'en a...

»Ach! Kleines Kerlchen, kleines Kerlchen! Ich höre dieses Lachen so gern!«

»Gerade das wird mein Geschenk sein ...Es wird sein wie mit dem Wasser ...«

»Was willst du sagen?«

»Die Leute haben Sterne, aber es sind nicht die gleichen.

Für die einen, die reisen, sind die Sterne Führer.

Für andere sind sie nichts als kleine Lichter.

Für wieder andere, die Gelehrten, sind sie Probleme.

Für meinen Geschäftsmann waren sie Gold.

Aber alle diese Sterne schweigen.

Du, du wirst Sterne haben, wie sie niemand hat ...«

 

-Que veux-tu dire?

-Quand tu regarderas le ciel, la nuit, puisque j'habiterai dans l'une d'elles, puisque je rirai dans l'une d'elles, alors ce sera pour toi comme si riaient toutes les étoiles. Tu auras, toi, des étoiles qui savent rire!

Et il rit encore.

»Was willst du sagen?«

»Wenn du bei Nacht den Himmel anschaust, wird es dir sein, als lachten alle Sterne, weil ich auf einem von ihnen wohne, weil ich auf einem von ihnen lache. Du allein wirst Sterne haben, die lachen können!«

Und er lachte wieder.

 

-Et quand tu seras consolé (on se console toujours) tu seras content de m'avoir connu.

Tu seras toujours mon ami. Tu auras envie de rire avec moi.

Et tu ouvriras parfois ta fenêtre, comme ça, pour le plaisir...

Et tes amis seront bien étonnés de te voir rire en regardant le ciel.

Alors tu leur diras: "Oui, les étoiles, ça me fait toujours rire!"

Et ils te croiront fou. Je t'aurai joué un bien vilain tour...

Et il rit encore.

Und wenn du dich getröstet hast (man tröstet sich immer), wirst du froh sein, mich gekannt zu haben.

Du wirst immer mein Freund sein. Du wirst Lust haben, mit mir zu lachen.

Und du wirst manchmal dein Fenster öffnen, gerade so, zum Vergnügen ...

Und deine Freunde werden sehr erstaunt sein, wenn sie sehen, daß du den Himmel anblickst und lachst.

Dann wirst du ihnen sagen: 'Ja, die Sterne, die bringen mich immer zum Lachen!'

und sie werden dich für verrückt halten. Ich werde dir einen hübschen Streich gespielt haben ...«

Und er lachte wieder.

 

-Ce sera comme si je t'avais donné, au lieu d'étoiles, des tas de petits grelots qui savent rire...

Et il rit encore. Puis il redevint sérieux:

-Cette nuit...tu sais...ne viens pas.

tu aies trouvé -Je ne te quitterai pas.

»Es wird sein, als hätte ich dir statt der Sterne eine Menge kleiner Schellen geschenkt, die lachen können ...«

Und er lachte noch immer. Dann wurde er wieder ernst:

»Diese Nacht ...weißt du ...komm nicht!«

»Ich werde dich nicht verlassen.«

 

-J'aurai l'air d'avoir mal...j'aurai un peu l'air de mourir.

C'est comme ça. Ne viens pas voir ça, ce n'est pas la peine...

-Je ne te quitterai pas.

Mais il était soucieux.

-Je te dis ça...c'est à cause aussi du serpent.

Il ne faut pas qu'il te morde...Les serpents, c'est méchant. Ça peut mordre pour le plaisir...

-Je ne te quitterai pas.»

Mais quelque chose le rassura:

-C'est vrai qu'ils n'ont pas le venin pour la seconde morsure...

Aber er war voll Sorge.

»Ich sage dir das ...auch wegen der Schlange.

Sie darf dich nicht beißen ... Die Schlangen sind böse. Sie können zum Vergnügen beißen ...«

»Ich werde dich nicht verlassen.«

Aber etwas beruhigte ihn:

»Es ist wahr, sie haben für den zweiten Biß kein Gift mehr ...«

 

Cette nuit-là je ne le vis pas se mettre en route.

Il s'était évadé sans bruit.

Quand je réussis à le joindre il marchait décidé, d'un pas rapide.

Il me dit seulement:

-Ah! tu es là...

Et il me prit par la main. Mais il se tourmenta encore:

-Tu as eu tort. Tu auras de la peine.

J'aurai l'air d'être mort et ce ne sera pas vrai...

Moi je me taisais.

Ich habe es nicht gesehen, wie er sich in der Nacht auf den Weg machte.

Er war lautlos entwischt.

Als es mir gelang, ihn einzuholen, marschierte er mit raschem, entschlossenem Schritt dahin.

Er sagte nur:

»Ah, du bist da ...«

Und er nahm mich bei der Hand. Aber er quälte sich noch:

»Du hast recht getan. Es wird dir Schmerz bereiten.

Es wird aussehen, als wäre ich tot, und das wird nicht wahr sein ...«

Ich schwieg.

 

-Tu comprends. C'est trop loin. Je ne peux pas emporter ce corps-là. C'est trop lourd.

Moi je me taisais.

-Mais ce sera comme une vieille écorce abandonnée. Ce n'est pas triste les vieilles écorces...

Moi je me taisais.

Il se découragea un peu. Mais il fit encore un effort:

-Ce sera gentil, tu sais. Moi aussi je regarderai les étoiles.

Toutes les étoiles seront des puits avec une poulie rouillée.

Toutes les étoiles me verseront à boire...

Moi je me taisais.

»Du verstehst. Es ist zu weit. Ich kann diesen Leib da nicht mitnehmen. Er ist zu schwer.«

Ich schwieg.

»Aber er wird daliegen wie eine alte verlassene Hülle. Man soll nicht traurig sein um solche alten Hüllen ...«

Ich schwieg.

Er verlor ein bißchen den Mut. Aber er gab sich noch Mühe:

»Weißt du, es wird allerliebst sein. Auch ich werde die Sterne anschauen.

Alle Sterne werden Brunnen sein mit einer verrosteten Winde.

Alle Sterne werden mir zu trinken geben ...«

Ich schwieg.

 

-Ce sera tellement amusant! Tu auras cinq cents millions de grelots, j'aurai cinq cent millions de fontaines...

Et il se tut aussi, parce qu'il pleurait...

-C'est là. Laisse moi faire un pas tout seul.

Et il s'assit parce qu'il avait peur.

»Das wird so lustig sein! Du wirst fünfhundert Millionen Schellen haben, ich werde fünfhundert Brunnen haben ...«

Und auch er schwieg, weil er weinte ...

»Da ist es. Laß mich einen Schritt ganz allein tun.«

Und er setzte sich, weil er Angst hatte.

 

Il dit encore:

-Tu sais...ma fleur...j'en suis responsable! Et elle est tellement faible! Et elle est tellement naïve.

Elle a quatre épines de rien du tout pour la protéger contre le monde...

Moi je m'assis parce que je ne pouvais plus me tenir debout. Il dit:

-Voilà...C'est tout...

Er sagte noch:

»Du weißt ...meine Blume ...ich bin für sie verantwortlich! Und sie ist so schwach! Und sie ist so kindlich.

Sie hat vier Dornen, die nicht taugen, sie gegen die Welt zu schützen ...«

Ich setzte mich, weil ich mich nicht mehr aufrecht halten konnte.

Er sagte:

»Hier ...Das ist alles ...«

 

Il hésita encore un peu, puis se releva.

Il fit un pas. Moi je ne pouvais pas bouger.

Il n'y eut rien qu'un éclair jaune près de sa cheville. Il demeura un instant immobile.

Il ne cria pas. Il tomba doucement comme tombe un arbre. Ça ne fit même pas de bruit, à cause du sable.

Er zögerte noch ein bißchen, dann erhob er sich.

Er tat einen Schritt. Ich konnte mich nicht rühren.

Es war nichts als ein gelber Blitz bei seinem Knöchel. Er blieb einen Augenblick reglos.

Er schrie nicht. Er fiel sachte, wie ein Blatt fällt. Ohne das leiseste Geräusch fiel er in den Sand.

 

CHAPITRE XXVII

 

Et maintenant, bien sûr, ça fait six ans déjà... Je n'ai jamais encore raconté cette histoire.

Les camarades qui m'ont revu ont été bien contents de me revoir vivant.

J'étais triste mais je leur disais: C'est la fatigue...

Und jetzt sind es gewiß schon wieder sechs Jahre her ... Ich habe diese Geschichte noch nie erzählt.

Die Kameraden, die mich wiedergesehen haben, waren froh, mich lebend wiederzusehen.

Ich war traurig, aber ich sagte zu ihnen: Das ist die Erschöpfung ...

 

Maintenant je me suis un peu consolé. C'est à dire... pas tout à fait.

Mais je sais bien qu'il est revenu à sa planète, car, au lever du jour, je n'ai pas retrouvé son corps.

Ce n'était pas un corps tellement lourd...

Et j'aime la nuit écouter les étoiles.

C'est comme cinq cent millions de grelots...

Jetzt habe ich mich ein bißchen getröstet. Das heißt ... Nicht ganz.

Aber ich weiß gut, er ist auf seinen Planeten zurückgekehrt, denn bei Tagesanbruch habe ich seinen Körper nicht wiedergefunden.

Es war kein so schwerer Körper ...

Und ich liebe es, des Nachts den Sternen zuzuhören.

Sie sind wie fünfhundert Millionen Glöckchen ...

 

Mais voilà qu'il passe quelque chose d'extraordinaire.

La muselière que j'ai dessinée pour le petit prince, j'ai oublié d'y ajouter la courroie de cuir!

Il n'aura jamais pu l'attacher au mouton.

Alors je me demande: "Que s'est-il passé sur sa planète?

Peut-être bien que le mouton à mangé la fleur..."

Aber nun geschieht etwas Außergewöhnliches.

Ich habe vergessen, an den Maulkorb, den ich für den kleinen Prinzen gezeichnet habe, einen Lederriemen zu machen!

Es wird ihm nie gelungen sein, ihn dem Schaf anzulegen.

So frage ich mich: Was hat sich auf dem Planeten wohl ereignet?

Vielleicht hat das Schaf doch die Blume gefressen ...

 

Tantôt je me dis:

"Sûrement non! Le petit prince enferme sa fleur toutes les nuits sous son globe de verre,

et il surveille bien son mouton..."

Alors je suis heureux. Et toutes les étoiles rient doucement.

Das eine Mal sage ich mir:

Bestimmt nicht! Der kleine Prinz deckt seine Blume jede Nacht mit seinem Glassturz zu,

und er gibt auf sein Schaf acht.

Dann bin ich glücklich. Und alle Sterne lachen leise.

 

Tantôt je me dis:

on est distrait une fois ou l'autre, et ça suffit!

Il a oublié, un soir, le verre, ou bien le mouton est sorti sans bruit pendant la nuit..."

Alors les grelots se changent tous en larmes!...

Dann wieder sage ich mir:

Man ist das eine oder das andere Mal zerstreut, und das genügt!

Er hat eines Abends die Glasglocke vergessen, oder das Schaf ist eines Nachts lautlos entwichen ...

Dann verwandeln sich die Schellen alle in Tränen! ...

 

C'est là un bien grand mystère.

Pour vous qui aimez aussi le petit prince, comme pour moi, rien de l'univers n'est semblable si quelque part,

on ne sait où, un mouton que nous ne connaissons pas a, oui ou non, mangé une rose...

Das ist ein sehr großes Geheimnis.

Für euch, die ihr den kleinen Prinzen auch liebt, wie für mich, kann nichts auf der Welt unberührt bleiben,

wenn irgendwo, man weiß nicht wo, ein Schaf, das wir nicht kennen, eine Rose vielleicht gefressen hat, oder vielleicht nicht gefressen hat ...

 

Regardez le ciel. Demandez-vous:

le mouton oui ou non a-t-il mangé la fleur? Et vous verrez comme tout change...

Et aucune grande personne ne comprendra jamais que ça a tellement d'importance!

Schaut den Himmel an. Fragt euch:

Hat das Schaf die Blume gefressen oder nicht? Ja oder nein? Und ihr werdet sehen, wie sich alles verwandelt ...

Aber keiner von den großen Leuten wird jemals verstehn, daß das eine so große Bedeutung hat!

 

Ça c'est, pour moi, le plus beau et le plus triste paysage du monde.

C'est le même paysage que celui de la page précédente, mais je l'ai dessiné une fois encore pour bien vous le montrer. C'est ici que le petit prince a apparu sur terre, puis disparu.

Das ist für mich die schönste und traurigste Landschaft der Welt.

Es ist die gleiche wie auf der vorletzten Seite, aber ich habe sie nochmals hergezeichnet, um sie Euch ganz deutlich zu machen. Hier ist der kleine Prinz auf der Erde erschienen und wieder verschwunden.

 

Regardez attentivement ce paysage afin d'être sûr de le reconnaître, si vous voyagez un jour en Afrique, dans le désert. Et, s'il vous arrive de passer par là, je vous supplie, ne vous pressez pas, attendez un peu juste sous l'étoile!

Si alors un enfant vient à vous, s'il rit, s'il a les cheveux d'or, s'il ne répond pas quand on l'interroge, vous devinerez bien qui il est. Alors soyez gentils! Ne me laissez pas tellement triste: écrivez-moi vite qu'il est revenu...

Schaut diese Landschaft genau an, damit ihr sie sicher wiedererkennt, wenn ihr eines Tages durch die afrikanische Wüste reist. Und wenn ihr zufällig da vorbeikommt, eilt nicht weiter, ich flehe euch an - wartet ein bisschen, gerade unter dem Stern!

Wenn dann ein Kind auf euch zukommt, wenn es lacht, wenn es goldenes Haar hat, wenn es nicht antwortet, so man es fragt, dann werdet ihr wohl erraten, wer es ist. Dann seid so gut und lasst mich nicht weiter so traurig sein: schreibt mir schnell, wenn er wieder da ist...

 

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